L’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine à son arrivée au tribunal, à Paris le 24 avril 2012. | BERTRAND GUAY / AFP

La liste des soupçons sur un éventuel financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par le régime libyen de Mouammar Kadhafi pourrait s’allonger et la justice cherche à le vérifier. L’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine est arrivé jeudi 17 novembre au matin dans les locaux de l’office anticorruption de la police pour être entendu sur de nouvelles accusations.

Avant son audition, Ziad Takieddine a indiqué qu’il était convoqué à 8 heures par les enquêteurs de l’Office anticorruption de la police judiciaire à Nanterre, près de Paris, après avoir déjà été entendu mardi pendant plus de cinq heures, selon lui.

« Je viens pour collaborer, pour confirmer tout ce que je dis avant. Personne ne m’effraie (…). Je viens pour corroborer tout ça, après les derniers éléments trouvés par le juge d’instruction. »

Mardi, dans Mediapart, il a affirmé avoir personnellement remis à Nicolas Sarkozy et à son ex-bras droit Claude Guéant cinq millions d’euros en espèces, « dans des valises », en provenance du régime Kadhafi. Ziad Takieddine avait déjà porté des accusations sur un éventuel financement libyen de la campagne de la droite en 2007, mais il ne s’était pas impliqué directement dans des remises de fonds.

Ziad Takieddine: «J'ai remis trois valises d'argent libyen à Guéant et Sarkozy»
Durée : 16:30

Une corruption « très étendue, très profonde »

L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy dément formellement ces accusations et a dénoncé mercredi « une manœuvre nauséabonde pour interférer dans la primaire de la droite et du centre ».

Les faits allégués par Ziad Takieddine ont déjà été évoqués en 2012 par l’ancien chef des services de renseignement libyen Abdallah Senoussi, lors d’une audition dans le cadre de poursuites de la Cour pénale internationale (CPI), révélée récemment par Mediapart. Abdallah Senoussi avait affirmé avoir « personnellement supervisé » le transfert de cinq millions d’euros pour la campagne en « 2006-2007 », selon des éléments de l’enquête des juges d’instruction français sur un possible financement libyen.

Les juges ont par ailleurs obtenu la communication de carnets de Choukri Ghanem, ex-ministre du pétrole libyen, qui mentionne un financement. « C’est de la corruption très étendue, très profonde, qui existe en France et qui a fait beaucoup de peine aux Français », affirme de son côté Ziad Takieddine.