Turquie : un rapporteur de l’ONU dresse un tableau « sombre » de la liberté d’expression
Turquie : un rapporteur de l’ONU dresse un tableau « sombre » de la liberté d’expression
Le Monde.fr avec AFP
Lors d’une visite à Ankara, David Kaye a rappelé « que les restrictions ont un impact sur les différents aspects de la vie en Turquie ».
Turquie : « La répression ne vise plus simplement les gülenistes »
Durée : 04:39
Le rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’expression a alerté sur la situation en Turquie, lors d’une conférence de presse à Ankara. A l’issue d’une visite de plusieurs jours dans le pays, au cours de laquelle il a pu notamment rencontrer des journalistes emprisonnés, David Kaye a reconnu, vendredi 18 novembre, que les menaces sécuritaires pesaient sur la Turquie. « Mais, cela ne veut pas dire que le gouvernement dispose, dans un certain sens, d’une carte blanche pour faire tout ce qu’il veut afin de restreindre la liberté d’expression », a-t-il ajouté.
« Je dirais que les conclusions que je tire [de cette visite] sont assez sombres et traduisent ce que je perçois comme des restrictions sur la liberté d’expression et de l’opinion à travers le pays », a-t-il ajouté. « La liberté d’opinion ne doit pas être soumise à une quelconque restriction… nous avons constaté à tous les niveaux que les restrictions ont un impact sur les différents aspects de la vie en Turquie », a-t-il poursuivi.
Les médias particulièrement frappés
Après le putsch avorté contre le président Recep Tayyip Erdogan, les autorités turques ont lancé de vastes purges à tous les échelons, arrêtant ou suspendant de leur fonction plus de 100 000 personnes.
Les médias ont été particulièrement frappés, avec l’arrestation de plusieurs journalistes et la fermeture de nombreux organes de presse. Le cas le plus emblématique est celui de Cumhuriyet, le principal quotidien d’opposition, dont le patron, le rédacteur en chef et plusieurs journalistes ont été arrêtés. Olivier Bertrand, journaliste pour le site Les Jours, a également été détenu par la police turque entre le 11 et le 13 novembre alors qu’il visitait « une école clandestine dans un quartier pauvre de banlieue » pour réfugiés syriens. « Moment désagréable, qui est aussi une petite lucarne entrouverte sur ce que vivent ces temps-ci, de façon infiniment plus grave, des dizaines de milliers de Turcs », écrit-il dans le récit de sa captivité, publié le 16 novembre, à lire en intégralité sur Les Jours (en abonné).