Alain Juppé, candidat à la primaire à droite, parle devant ses partisans et la presse après le premier tour dans le 15e arrondissement à Paris, dimanche 20 novembre 2016. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / French-politics pour « Le Monde »

Alain Juppé l’a annoncé au cours de la soirée de dimanche 20 novembre : il compte s’engager, dans l’entre-deux-tours de la primaire de la droite et du centre, dans un « combat projet contre projet » avec François Fillon. Le maire de Bordeaux, qui est passé du statut de favori à celui d’outsider, a donc une semaine pour faire connaître son programme.

  • Des mesures pour « renouer avec le plein-emploi »

Alain Juppé a promis dimanche des « réformes crédibles » pour « renouer avec le plein-emploi ». Il entend pour cela « sortir des 35 heures » et fixer à 39 heures la durée légale du temps de travail hebdomadaire, tout en laissant la possibilité aux entreprises de déterminer cette durée, entre 35 et 39 heures, par la négociation. Cet allongement de la durée de travail doit concerner la fonction publique, mais Alain Juppé ne donne pas de plafond de durée. Dans le même temps, l’ancien premier ministre entend supprimer entre 200 000 et 250 000 fonctionnaires – moitié moins que son concurrent François Fillon.

Le maire de Bordeaux entend aussi donner davantage de flexibilité au contrat de travail, en prévoyant d’inclure des motifs prédéterminés de rupture d’un CDI, qui seraient déterminés par la loi.

Pour relancer l’emploi et « inciter les entreprises à embaucher », M. Juppé veut aussi « diminuer le coût du travail peu qualifié » en supprimant toutes les cotisations patronales pour les emplois rémunérés au smic. Une telle mesure permettra, selon lui, de créer 200 000 emplois. M. Juppé propose par ailleurs une dégressivité des allocations-chômage, avec toutefois un plancher de 870 euros mensuels.

  • Des réformes sociétales en douceur

Alain Juppé se montre moins conservateur sur les questions sociétales que François Fillon. Le maire de Bordeaux veut par exemple conserver en l’état la loi sur le mariage pour tous, y compris le volet concernant l’adoption par les couples de même sexe – un passage que son concurrent veut réécrire.

Le candidat propose un allégement de l’impôt sur le revenu en direction des familles de 2 milliards d’euros, et de relever le plafond du quotient familial de 1 500 à 2 000 euros.

Alain Juppé est opposé à une nouvelle loi sur le port des signes religieux, et donc à un texte qui interdirait le burkini. « Il faut un accord global entre les musulmans de France et la République pour fixer les règles du jeu. C’est cette démarche qui sera efficace », expliquait-il au Monde en septembre, défendant la création d’un « code de la laïcité ». Ce dernier devrait réunir « les grandes lois relatives à la laïcité et le rappel de grands principes comme celui de l’égalité entre les hommes et les femmes ».

Concernant l’éducation, Alain Juppé veut lutter contre le décrochage scolaire, notamment par le biais d’évaluations régulières dès la maternelle et d’une réduction du nombre d’élèves par classe en maternelle et au cours préparatoire (CP). Il veut aussi mieux rémunérer les enseignants et améliorer leur formation initiale. M. Juppé est opposé à la suppression du collège unique et à la sélection à l’entrée de l’université, préférant mettre l’accent sur l’orientation des élèves pendant leur scolarité.

  • Pour une consolidation de l’Europe

Alain Juppé ne partage pas les positions prorusses de François Fillon. Bien que favorable au dialogue avec Moscou, il reproche à la Russie ses bombardements sur Alep, en Syrie, et son alliance avec le régime de Bachar Al-Assad. Il s’oppose par ailleurs à une intervention militaire au sol en Syrie, préférant lutter contre l’organisation Etat islamique au sein de la coalition.

Le candidat milite pour une « Europe de la défense » et pour la fin de l’élargissement. Il estime aussi que dans une « Europe menacée de dislocation », comme il l’a déclaré lors du troisième débat, les pays doivent avancer unis pour « ne pas devenir les vassaux des grandes puissances qui nous entourent ». Il propose ainsi de « consolider la zone euro en harmonisant les fiscalités ».

Alain Juppé : « Je continue le combat »
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