Etudes de commerce : prêt pour le prêt ?
Etudes de commerce : prêt pour le prêt ?
Par Joséphine Lebard
Ces diplômés d’école de commerce ont contracté des emprunts de allant de 20 000 euros à 40 000 euros pour financer leurs études. Le remboursement de leur dette reste une contrainte dans leurs choix professionnels et, souvent, une source d’anxiété.
Pour financer leurs études, Jean-Charles Stragier, Sabrina Bouzourene et Clémence Labrunie ont tous les trois contracté un prêt étudiant. Jean-Charles a emprunté 19 000 euros : « 16 000 euros pour mon master 2 à Skema et 3 000 euros pour le logement. » Pour financer l’ESC Dijon, Sabrina avait elle aussi sollicité un prêt : « J’ai aussi obtenu une bourse au mérite qui prenait en charge les 21 000 euros de frais. J’ai donc conservé 12 000 euros de prêt pour le logement, le permis, l’ordinateur, pouvoir partir en Erasmus… » Enfin, pour son master à l’ESCP Europe, Clémence a demandé 40 000 euros, « 22 000 euros pour l’école, 18 000 euros pour les frais annexes ».
A présent tous les trois salariés, ils reconnaissent que le prêt a eu une incidence sur leur entrée dans le monde du travail. L’emprunt doit, en effet, être soldé au bout de cinq ans. « Dans ma recherche d’emploi, j’ai fait des tris par niveau de salaire, reconnaît Jean-Charles, qui rembourse 375 euros par mois. J’ai par ailleurs éliminé l’éventualité de partir travailler à Paris… »
Epée de Damoclès ou coup d’aiguillon ?
Sabrina, elle, a demandé un report du remboursement – 238 euros mensuels – d’un an. Trouvant difficilement un emploi dans son secteur – le management culturel –, elle a vu l’échéance arriver avec anxiété . « J’ai accumulé des petits boulots : vendeuse, serveuse, et j’ai même travaillé au service comptabilité d’une compagnie de taxis ! » Aujourd’hui en CDI depuis un an, elle respire : « J’aurai fini de payer en 2018. » Clémence elle aussi a demandé un report. Elle ne remboursera 700 euros par mois qu’à partir de 2019. Mais, « assez angoissée », elle commence déjà à mettre de l’argent de côté. « Cet emprunt m’a donné des ailes et me les a coupées en même temps », analyse-t-elle.
Le prêt étudiant serait-il une épée de Damoclès ? Jean-Charles y voit un salutaire coup d’aiguillon : « Oui, il existe une pression, mais à 25 ans, je me sens très responsabilisé. » Clémence estime même que l’emprunt a dopé ses ambitions : « Je ne serais peut-être pas allée chercher mon poste actuel si je n’avais pas eu ce coup de pression… »
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