Football : Steven Gerrard, le capitaine éternel, tire sa révérence
Football : Steven Gerrard, le capitaine éternel, tire sa révérence
Le Monde.fr avec AFP
La légende de Liverpool, installée aux Etats-Unis depuis dix-huit mois, a annoncé sa retraite sportive. Il se destine à une probable carrière d’entraîneur.
Le capitaine emblématique de Liverpool, Steven Gerrard, le 7 janvier 2016. | PETER PARKS / AFP
Il ne marchera jamais seul. Steven Gerrard, qui vient de prendre sa retraite à 36 ans, restera pour toujours le capitaine légendaire de Liverpool, au dévouement exceptionnel sur le terrain et à son club, avec en point d’orgue la renversante finale de la Ligue des champions 2005.
« Après de récentes spéculations dans les médias concernant mon avenir, je peux confirmer ma retraite de joueur de football professionnel », a écrit Gerrard dans un communiqué. L’ancien milieu de terrain pourrait se reconvertir rapidement dans un rôle d’entraîneur, selon les médias britanniques, bien qu’il ait repoussé l’offre de MK Dons, club de troisième division. Il réfléchirait à intégrer l’encadrement de son club historique ou celui de l’équipe nationale d’Angleterre.
Parti de Liverpool au printemps 2015 pour le Los Angeles Galaxy, il était revenu l’hiver dernier sur les bords de la Mersey pour s’entraîner avant le début de la nouvelle saison du championnat nord-américain (MLS).
Hormis cet épilogue américain, c’est l’histoire d’une fidélité rare à un club, dans la lignée des Baresi, Maldini, Giggs, Scholes, Puyol, Xavi, Totti : Gerrard a joué 17 saisons chez les Reds (1998-2015), dont il est le seul à figurer à la fois dans le top 5 des joueurs les plus assidus (710 matchs) et dans celui des meilleurs buteurs (186 réalisations).
Goodbye Steven Gerrard - You're Irreplaceable (Tribute) HD
Durée : 09:11
Capitaine durant douze ans
Son histoire se confond avec celle d’un club à part, un mythe du football, entre glorieux palmarès et public illustre, au rythme du fameux You’ll Never Walk Alone (« Vous ne marcherez jamais seuls »).
Car « Stevie G », né à Whiston, dans la banlieue de Liverpool, est arrivé à 8 ans au club, juste après le drame d’Hillsborough, en 1989, qui a emporté son cousin de 10 ans, présent parmi les 96 victimes piétinées dans une tribune du stade de Sheffield.
Gerrard, c’est aussi le plus long capitanat du club, douze ans, un rôle dans lequel il s’est pleinement investi. Luis Suarez, attaquant génial aux multiples frasques disciplinaires lors de son séjour anglais (2011-2014), doit beaucoup à ce capitaine accessible : « Quand il crie, c’est parce que ce qu’il dit est vrai. Il m’a beaucoup aidé dans ma carrière. »
A jamais capitaine ? En octobre 2015, après son départ, Gerrard envoyait un SMS de félicitations à Mamadou Sakho qui, en l’absence des deux premiers capitaines, enfilait le brassard du club pour la première fois.
Grand capitaine et grand joueur ; milieu de terrain et milieu tout-terrain : parangon du joueur box to box (« de surface à surface ») par sa générosité, ce gendre idéal, aux coupes de cheveux sages, a évolué partout, récupérateur, relayeur, meneur, attaquant de soutien, voire ailier ou latéral.
Il marque beaucoup de la tête et sait autant éclairer le jeu que hacher celui de l’adversaire. « C’est l’un des rares joueurs qui a une superbe technique, qui est doué avec la balle, mais qui y mélange des qualités de combat », a loué Zinédine Zidane, grand admirateur du joueur anglais.
L’incroyable soirée d’Istanbul
« Steven Gerrard est certainement mon plus cher ennemi, celui qui a fait de moi un meilleur entraîneur », lui a même rendu hommage José Mourinho, qui a plusieurs fois échoué à l’enrôler à Chelsea.
Et si l’emblématique no 8 est entré dans les cœurs de l’« armée rouge », c’est moins pour son triplé contre Everton (3-0), dans le derby de la Mersey en 2012, que pour l’incroyable soirée d’Istanbul, ce 25 mai 2005.
Il restera comme le grand homme d’une des finales les plus mémorables de la Ligue des champions. Liverpool est mené 3-0 à la mi-temps par l’AC Milan. Gerrard force le come-back en réduisant le score à 3-1 de la tête puis en obtenant le penalty qui permet aux Reds d’égaliser à 3-3, avant de l’emporter aux tirs au but.
« La meilleure soirée de ma vie », dira le Ballon de bronze 2005, qui permet à son club de renouer avec la compétition reine en remportant sa cinquième C1 (après 1977, 1978, 1981, 1984).
AC Milan vs Liverpool 3-3 - UCL Final 2005 - All Goals & Full Highlights HD
Durée : 09:07
Gerrard avait déjà participé à la folle année 2001, lorsque Liverpool avait réalisé un rare quintuplé en raflant toutes les coupes possibles : Coupe de la Ligue anglaise, Coupe d’Angleterre, Coupe de l’UEFA, Supercoupe d’Europe et Community Shield.
Des coupes beaucoup, mais le championnat, jamais. En 2014, le titre se profilait pour la première fois depuis 1990 quand, de manière symbolique, sa glissade contre Chelsea à trois journées de la fin offrait un but au rival londonien et provoquait la perte irrémédiable du titre.
Autre gros point noir : une carrière internationale à 114 sélections (21 buts) et six phases finales (3 Mondiaux, 3 Euro) mais très frustrantes, sans la moindre demi-finale. Lors de ses adieux à Anfield Road en mai 2015, il s’était dit « dévasté à l’idée de ne plus jouer devant ces supporteurs ». Il en est désormais le capitaine éternel.