Israël confronté à une série d’incendies dévastateurs
Israël confronté à une série d’incendies dévastateurs
Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)
Le pays connaît ses incendies les plus graves depuis 2010. Près de 75 000 personnes ont fui à cause de la fumée, dans l’urgence, sans savoir pour la plupart où aller.
Dans la ville côtière d’Haïfa, particulièrement exposée à la catastrophe, l’électricité a été coupée dans certains faubourgs. | JACK GUEZ / AFP
Israël face aux flammes. Au troisième jour d’une série d’incendies très vastes au nord et au centre du pays, jeudi 24 novembre, des dizaines de milliers d’habitants ont dû évacuer leur domicile. Selon de premières estimations, 900 hectares ont été touchés, soit le plus grave épisode de ce genre depuis 2010. Les journaux télévisés diffusent en boucle des images extrêmement impressionnantes d’habitants luttant par leurs propres moyens contre les flammes, ou bien prenant la fuite en voiture avec un mince bagage. L’avancée du feu à cette période inhabituelle de l’année a été facilitée par la grande sécheresse régnant depuis plusieurs semaines. Jeudi, le taux d’humidité à Jérusalem n’était que de 4 %.
L’électricité a été coupée dans certains faubourgs de la ville côtière d’Haïfa, particulièrement exposée à la catastrophe. Près de 75 000 personnes ont fui à cause de la fumée, dans l’urgence, sans savoir pour la plupart où aller. La région avait déjà été durement touchée en 2010, lorsque le mont Carmel avait été ravagé, causant la mort de 44 personnes. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les pompiers ont aussi combattu les flammes en Galilée près de villages arabes, près de Nazareth, ou encore à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem, autour du village de Beit Meir, près d’Abu Ghosh, haut lieu touristique.
La Grèce, Chypre et la Turquie, avec laquelle Israël vient de reprendre des relations diplomatiques, ont décidé de dépêcher des avions en urgence pour intensifier l’arrosage des zones en feu. La Russie envoie deux bombardiers d’eau Beriev BE-200, tandis qu’un Boeing 747 « supertanker » américain devait arriver en renfort vendredi matin. Plusieurs équipes de pompiers palestiniens ont aussi rejoint leurs centaines de collègues israéliens.
Une « Intifada des flammes » selon la droite israélienne
Tandis que les services de sauvetage étaient mobilisés, une polémique est montée au fil de la journée concernant la nature de ces incendies. Le Shin Bet (service de sécurité intérieur), a même été saisi de l’affaire. Selon les responsables des services de sécurité, une partie des déclenchements de feu serait volontaire. Près d’une dizaine de personnes ont été ainsi interpellées, mais aucun lien à ce jour n’est établi entre eux. Mais sur le plan politique, la droite a semblé alimenter l’idée d’une « Intifada des flammes » pour s’en prendre, à mots couverts, aux Arabes israéliens, tout autant victimes des incendies.
Benyamin Nétanyahou a annoncé que tout incendie volontaire serait traité comme un acte de terrorisme. Il compte étudier la possibilité de revoir le permis de résidence - sans plus de précisions - pour tout coupable. Arye Deri, le ministre de l’intérieur, envisage pour sa part une révocation de la citoyenneté israélienne pour les Arabes isra éliens qui commettraient de tels actes. Le ministre des transports, Yisrael Katz, propose de confisquer les biens des coupables. « Seul celui qui n’appartient pas à un pays peut le brûler », a écrit sur sa page Facebook le ministre de l’éducation, Naftali Bennett, leader du parti national religieux le Foyer juif.