A Boulogne, des soutiens de Fillon de la première heure
A Boulogne, des soutiens de Fillon de la première heure
Par Sarah Belouezzane
Dans cette commune des Hauts-de-Seine où la mobilisation a été l’une des plus fortes de France au premier tour, François Fillon avait atteint 59 % dans certains bureaux de vote.
Du bureau de vote installé dans l’école de la rue Faissard au marché Escudier, dans le nord de Boulogne-Billancourt, il n’y a qu’un pas. « C’est bien pratique, confie dans un sourire Jacqueline, retraitée de 95 ans et Boulonnaise depuis toujours, je commence à me fatiguer mais c’était beaucoup trop important d’aller voter ! Et puis le marché je ne le rate jamais ».
Coincé entre le Boulevard Jean-Jaurès et la rue Escudier, le marché est un des hauts lieux de sociabilisation de cette ville qui a été, comme le reste de la France, emportée par la vague Fillon du premier tour de la primaire de la droite. A Boulogne, commune des Hauts-de-Seine où la mobilisation a été l’une des plus fortes de France, François Fillon a atteint 59 % dans certains bureaux de vote. Jacqueline fait partie des convaincus de la première heure. Cette veuve, ancienne salariée de l’administration de la Banque de France, loue chez le candidat « qui a l’air bon et rassurant, apaisé, pas comme les autres ».
La « sérénité » du candidat Fillon, c’est ça aussi qui a convaincu Marc, père de famille de 36 ans, venu comme tous les dimanches faire ses courses au marché Escudier. Lui aussi a voté dans l’école juste à côté avant de venir avec femme et enfants se ravitailler en légumes frais. « Le monde politique et social est aujourd’hui incertain, instable, remarque le jeune homme qui travaille dans le conseil financier, François Fillon est tout l’inverse. Toujours calme, il ne s’est jamais laissé démonter pendant les débats. Et puis il parle aux trentenaires actifs, comme moi, qui veulent un monde qui change ».
Il avoue avoir voté pour son candidat dès le premier tour et ne pas avoir été surpris du score de son champion. « Alain Juppé n’est pas mauvais, mais il est un peu trop âgé, je n’arrive pas à me projeter avec lui », confesse-t-il.
« Alain Juppé était bien mais trop vieux »
A Escudier, pas besoin de chercher bien loin pour trouver d’autres fillonistes. Gregory, 43 ans et sa femme, Virginie, 34 ans, n’ont pas voté à Boulogne, mais y habitent. Eux aussi admettent tout de go avoir choisi l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy. « Alain Juppé était bien mais trop vieux, on le voit déjà être malade, devoir renoncer », s’inquiète Gregory. Ses valeurs chrétiennes ? Gregory et Virginie, qui tiennent un commerce dans la ville, les partagent.
« Mais pas toutes, souhaite préciser Virginie, je ne suis pas d’accord avec lui sur l’avortement mais j’apprécie qu’il dissocie ses convictions profondes de ce qu’il va mettre en œuvre. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas d’accord qu’il va l’interdire ». Pressés, les deux jeunes gens s’excusent et passent leur chemin, un traiteur italien les attend et le marché ferme à 13 h 15.
Cette mobilisation en faveur de François Fillon n’étonne pas Isabelle. Elle qui tient un étal de fruits et légumes dans le cœur du marché a vu des militants « tracter sans arrêt mardi et vendredi. Et les gens étaient très réceptifs », remarque-t-elle.
« Ici nous sommes dans le nord de Boulogne, remarque Jocelyne, il existe une vraie vie de quartier, les habitants se sentent concernés. Les milieux sont un peu aisés », note pudiquement cette ancienne professeure en IUFM de 63 ans, aujourd’hui à la retraite. « Nous sommes nombreux à partager les valeurs morales et chrétiennes de M. Fillon. Sa personnalité, son sens de la vérité ont su convaincre, il donne l’impression d’avoir fait le choix de l’honnêteté. Contrairement à d’autres qui sont poursuivis par des affaires », affirme-t-elle en tirant son Caddie. Elle n’a pas encore voté mais elle y court. Son bureau est un peu plus loin.
Dehors sur le boulevard Jean-Jaurès, deux militants d’En marche ! tentent de distribuer des tracts. « Vous connaissez Emmanuel Macron ? ». « Bien sûr, vous me prenez pour une idiote ? Mais je n’en veux pas de votre tract », répond du tac au tac une dame qui passait par là. Ici on semble plutôt pencher pour les anciens premiers ministres que pour les ex-locataires de Bercy.