Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, le 28 août. | MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

A défaut d’avoir un candidat, le Parti socialiste tente d’avoir un début de programme pour l’élection présidentielle. Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire de la rue de Solférino, devait présenter, mardi 29 novembre, le septième et dernier des « cahiers de la présidentielle », publiés par le PS depuis septembre.

Intitulé « Un nouveau “Nous” français », ce document, que Le Monde s’est procuré, est une plate-forme de propositions édictée par la majorité du PS en vue de nourrir le futur projet du candidat qui sera désigné lors de la primaire de la Belle Alliance populaire en janvier 2017. Une manière, alors que la droite vient d’investir son champion pour la présidentielle, de montrer que les socialistes ne se contentent pas que d’un discours anti-filloniste ou de la défense du bilan du quinquennat, mais avancent leurs propres idées.

Ce « cahier » préparé par M. Cambadélis et le numéro 2 du PS, le député (Seine-Maritime) Guillaume Bachelay, est construit autour de « 20 défis à relever » et de « 5 idées fortes ». La majorité du PS, issue du congrès de Poitiers en juin 2015, propose ainsi un « troisième âge de la décentralisation », considérant que les blocages français proviennent notamment de la trop grande centralisation des politiques publiques. Pour y remédier, est plébiscitée la « régionalisation accrue » de la politique industrielle, du service public de l’emploi, mais aussi de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Sur le plan institutionnel, le PS défend « le non-cumul des mandats dans le temps » ainsi que « le droit d’amendement citoyen ».

Un « revenu minimum décent »

Autre champ d’action : la lutte contre « les castes » et contre « le précariat », avec notamment la mise en place d’un « revenu minimum décent », tel que l’a dessiné récemment le think tank Terra Nova, proche du PS. Pour une « France plus sûre », le PS propose, sans entrer dans les détails opérationnels, « le rétablissement de la conscription » militaire pour former « une véritable garde nationale ».

Dans la lignée de son discours « social-écologique », la rue de Solférino plaide également pour que la France devienne « la première puissance écologique et numérique », avec pour objectif de « porter à 40 % la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité en 2030 » et de lancer des « grands travaux de modernisation des infrastructures de réseaux (rail, énergies, eau, très haut débit) ».

Enfin, pour « redonner de la puissance à l’Europe à l’heure des Etats-nations », le PS propose un nouveau « souverainisme européen » : réforme de l’espace Schengen, pacte de sécurité européen contre le terrorisme, et promotion d’une « nouvelle doctrine du commerce international » avec l’« exclusion des services publics » du champ des négociations et l’« inclusion des questions fiscales » dans les accords.

« On présente un projet alternatif et on fait de la primaire de janvier le levier de la gauche pour la présidentielle. Quoi qu’on en dise, le PS se met en ordre de bataille », explique M. Cambadélis qui estime qu’à l’inverse, du côté de François Fillon, « un projet ultra-libéral sur le plan économique et social, ultra-conservateur sur le plan sociétal et ultra-radical sur le plan identitaire, débouchera sur une France ultra-fragmentée, qui sera l’antichambre de la victoire du FN » en 2017.