Pierre Moscovici « optimiste » sur la possibilité d’un accord entre Athènes et ses créanciers
Pierre Moscovici « optimiste » sur la possibilité d’un accord entre Athènes et ses créanciers
LE MONDE ECONOMIE
Le commissaire européen est en visite en Grèce avant la réunion de l’Eurogroupe, prévue le 5 décembre. Les négociations butent encore sur les objectifs budgétaires et les réformes du marché du travail et de l’énergie engagées par Athènes.
Le commissaires européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, et le premier ministre grec, Alexis Tsipras, à Athènes, en novembre 2015. | Petros Giannakouris / AP
Le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, en visite de deux jours à Athènes, s’est voulu rassurant, « optimiste » même, mardi 29 novembre, sur la capacité de la Grèce et de ses créanciers à arriver à un accord technique en vue de l’Eurogroupe du 5 décembre.
Engagée depuis deux mois, la deuxième revue du troisième plan d’aide signé à l’été 2015 se heurte pourtant encore à de vrais obstacles difficilement surmontables en trois jours. Le budget de la Grèce pour 2017, qui doit être approuvé par le Parlement le 10 décembre, prévoit de nouvelles taxes sur les voitures, les téléphones fixes, la télévision, le carburant, le tabac, le café et la bière. Pas de problème pour ces mesures-là.
Mais les négociations entre Athènes et ses créanciers ont buté la semaine dernière sur des divergences tenant aux objectifs budgétaires et aux réformes des marchés du travail et de l’énergie, pierres angulaires de la deuxième revue – le deuxième examen critique – des réalisations accomplies par la Grèce.
« Stimuler la compétitivité »
En outre, un désaccord persiste entre l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) sur les objectifs budgétaires à moyen terme. Les objectifs d’excédent primaire (hors charge de la dette) à partir de 2018 et après sont fixés à 3,5 % du produit intérieur brut (PIB). Le FMI ne croit pas que la Grèce puisse atteindre cet excédent sans un nouveau train de mesures d’austérité, non prévues dans le cadre du troisième plan d’aide, ou sans un allégement conséquent de la dette publique. Le Fonds tergiverse toujours sur sa participation au plan d’aide, face à l’opposition de certains pays de l’UE, dont l’Allemagne, à une restructuration de la dette grecque.
« Sans la conclusion de la revue, il n’y aura pas de solution pour la dette et sans cette solution nous ne pourrons bénéficier de l’assouplissement quantitatif », a expliqué lundi Euclide Tsakalotos, ministre des finances grec, allusion au programme massif de rachat d’actifs, essentiellement obligataires, de la Banque centrale européenne (BCE), dont la Grèce est exclue. « Sans assouplissement quantitatif, nous ne pourrons revenir sur les marchés fin 2017 ou début 2018. »
M. Tsakalotos a proposé d’abaisser l’objectif d’excédent budgétaire primaire après 2018. Ce qui permettrait, selon lui, à la Grèce de réduire les impôts et de gagner en compétitivité. « Voici ce que je propose : ramenons l’objectif d’excédent budgétaire primaire de 3,5 % à 2,5 % ; le gouvernement grec s’engagera à affecter la différence de 1 point à des allégements fiscaux pour les PME (…) afin de stimuler la compétitivité », a-t-il déclaré lors d’une conférence économique à Athènes lundi soir.
« Nous devons être réalistes »
S’exprimant lors de la même conférence, Benoît Cœuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a dit qu’Athènes devait s’en tenir aux conditions de son programme d’aide pour réussir son examen de santé. Même son de cloche aujourd’hui de Pierre Moscovici qui a réaffirmé qu’il fallait s’en tenir au mémorandum signé à l’été 2015. « Nous avons un mémorandum qui a posé des objectifs jusqu’à 2018. On s’en tient au mémorandum », a-t-il dit. Mais après 2018 ?
Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, a déclaré mardi que les pays européens devaient être « réalistes » au sujet des objectifs budgétaires qu’ils assigneront à la Grèce après 2018, quand le programme d’aide alloué à Athènes arrivera à expiration.
« Nous devons être réalistes », a-t-il déclaré devant la commission des affaires économiques du Parlement européen, estimant que le FMI n’avait pas tort de juger très « exigeant » de demander un excédent primaire de 3,5 % sur une période très longue.
D’ici à lundi 5 décembre ce ne sont donc pas seulement les différences entre les Grecs et ses créanciers qui doivent trouver une réponse, mais bien les divisions entre le FMI et les institutions européennes. Pierre Moscovici a exclu l’hypothèse, souvent évoquée côté grec, d’avancer sans le FMI. « Il n’y aura pas de séparation entre le FMI et les institutions européennes », a-t-il martelé mardi dans la capitale hellène.
Côté grec, on s’attend à ce qu’un premier accord sur les réformes soit obtenu le 5 décembre et un arrangement définitif avec le FMI deux semaines plus tard, sur l’allégement de la dette et les objectifs budgétaires au-delà de 2018.
« La pire des hypothèses serait celle d’un nouveau report », souligne un officiel grec, observant que les négociations risquaient d’être plus délicates si aucun accord n’était passé avant la fin de l’année compte tenu des élections prévues en 2017 en Allemagne.