Six candidats à la primaire ; six autres « autonomes » : la gauche part plus divisée que jamais dans la course à la présidentielle. Alors que la droite affiche une posture de rassemblement après une primaire réussie, qui a désigné François Fillon, certaines voix s’élèvent dans le camp opposé pour promouvoir le scrutin organisé par la Belle Alliance populaire (PS et écologistes). Et éviter une élimination dès le premier tour de l’élection présidentielle.

Dans une interview au Monde, Arnaud Montebourg se fait le défenseur du processus de la primaire – à laquelle il participe –, qu’il voit comme une « arme de construction massive pour rassembler les gauches ».

« La primaire permet de submerger les stratégies diviseuses des appareils par la puissance populaire. Le peuple de gauche a envie de cette primaire, veut s’y rendre et s’y rendra certainement en nombre, pour faire exactement ce qui s’est produit à droite, c’est-à-dire décider. »

« Des effets collatéraux positifs »

L’ancien ministre de l’économie estime que malgré le nombre de candidats de gauche hors primaire – ils sont six, de Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) à Emmanuel Macron – le rassemblement peut avoir lieu. Son pari est que la primaire peut avoir « des effets collatéraux positifs » et être un « tremplin » « en amenant les candidats hors primaire à s’interroger sur une candidature qui ferait échouer ce premier rassemblement  ». M. Montebourg espère par exemple que les écologistes et les radicaux rejoignent le gagnant de la primaire, et il « note que le PCF a placé dans son texte de soutien à Jean-Luc Mélenchon une clause de revoyure après le résultat de notre primaire ».

Le candidat est sur la même ligne que le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui a appelé mardi 29 novembre sur Europe 1 « l’ensemble des électeurs de gauche à venir mettre de l’ordre dans la gauche » en participant à la primaire.

Pour M. Cambadélis, qui constate un « émiettement », un « fractionnement » de la gauche, « le seul moyen pour qu’[elle] soit au deuxième tour (...), c’est de participer à la primaire de la gauche ». MM. Macron et Mélenchon ont déjà dit qu’ils ne souhaitaient pas concourir à cette primaire, « mais ce sont les électeurs qui vont rallier » la primaire, dit le premier secrétaire du PS. « Plus il y aura d’électeurs, plus cela pèsera sur leur position individuelle, plus il y aura de rassemblement », espère-t-il.

Difficile de rallier les candidats hors primaire

Il sera toutefois difficile de convaincre Jean-Luc Mélenchon de rejoindre la primaire de la gauche, le leader de La France insoumise ayant déjà fait part de ses réticences à participer à un scrutin dont il devrait soutenir le gagnant, y compris François Hollande ou Manuel Valls. Emmanuel Macron s’est quant à lui déclaré candidat « autonome » et rechigne à envisager la primaire. L’ancien ministre considère notamment que cela le remettrait dans le « système », avec une démarche partisane dont les Français, selon lui, ne veulent plus. Il n’a par ailleurs pas confiance dans le processus, verrouillé par le Parti socialiste.

Chez les écologistes, le ton est aussi ferme. Candidat désigné par la primaire organisée par Europe-Ecologie-Les Verts, Yannick Jadot a dit à plusieurs reprises qu’il ne participerait pas au scrutin organisé par la Belle Alliance populaire, ni ne s’allierait avec le PS. Le député européen, qui est pourtant un des signataires de l’appel à une grande primaire de toute la gauche lancé en janvier, dit ne pas vouloir d’alliance « avec un gouvernement et un parti qui soutiennent le maintien des centrales charbon et sont dans une obsession nucléaire ».

Interrogé dans Libération sur un soutien à Arnaud Montebourg en cas de victoire de ce dernier à la primaire, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a, lui, maintenu une certaine ambiguïté. « Je continue à dialoguer avec tous ceux qui proposent une politique antiaustérité, a expliqué le sénateur, la reconstruction d’une force doit avoir lieu maintenant, et pas après 2017, pas après le désastre ».