« Starboy », le triomphe programmé de The Weeknd
« Starboy », le triomphe programmé de The Weeknd
Par Stéphane Davet
Le troisième album du Canadien, dont la chanson titre est déjà un tube et qui sortira en version CD et vinyle le 2 décembre, multiplie les références les plus éclectiques.
Le chanteur canadien d’origine éthiopienne The Weeknd alias Abel Tesfaye. | Republic / Universal
Sorti en single le 22 septembre, Starboy, la chanson titre du troisième album de The Weeknd, cosignée par les robots de Daft Punk, a triomphé (N° 1 dans 80 pays sur la plateforme iTunes) en impressionnant par la classieuse fluidité d’un groove et d’un refrain auto célébrant le statut de cette jeune étoile du R’n’B.
Dans le clip du morceau, visionné plus de 282 millions de fois sur Youtube, on voyait le jeune homme occire symboliquement un personnage au chignon de dreadlocks, dont le look à la Jean-Michel Basquiat avait été jusque-là le sien. Nouvelle (courte) coupe de cheveux pour tourner une nouvelle page, comme si rien ne devait freiner l’aérodynamisme du succès programmé de ce chanteur canadien d’origine éthiopienne, né Abel Tesfaye, à Scarborough (Ontario), il y a 26 ans.
The Weeknd - Starboy (official) ft. Daft Punk
Durée : 04:34
La trajectoire ascendante du starboy a commencé au début des années 2010. Bricolant dans son coin une soul futuriste aux ambiances vaporeuses, Abel Tesfaye poste sur le Net des chansons dont l’étrangeté se fait rapidement remarquer. Parrainé par un prestigieux compatriote, le chanteur Drake, The Weeknd prend d’abord le contre-pied des clichés les plus mercantiles du R’n’B dans une série de mixtapes (comprenant des samples de Siouxsie and the Banshees, des Cocteau Twins et même de France Gall (période Gainsbourg), rassemblées en 2012 sous la forme d’un triple CD : Trilogy.
Efficience de tubes
Est-ce la relative déception commerciale de son premier véritable album, Kiss Land, publié en 2013 ? Le jeune homme délaisse un peu, ensuite, l’originalité de ses ambiances au profit de l’efficience de tubes (Can’t Feel My Face, The Hills…) qui font de Beauty Behind the Madness, son deuxième opus, un des plus grands succès de 2015.
Continuant de gommer les traces d’une adolescence marquée par les vagues à l’âme psychotropes, l’ancienne figure de ce qu’on appelait l’« alternative R’n’B » affûte ses armes de machine de guerre pop. Pas un hasard, sans doute, si son falsetto, un temps vecteur de rêveries opiacées, roucoule désormais avec l’agilité œcuménique d’un Michael Jackson.
Cette obsession de l’efficacité n’empêche pas audaces et moments de grâce. Dans Starboy, (publié en version numérique le 25 novembre et en CD et vinyle, le 2 décembre) The Weeknd les puise dans l’éclectisme de ses références. La plupart des meilleures chansons de Starboy célèbrent cette diversité.
Une admiration pour Michael Jackson
Qu’il s’agisse des syncopes garage-house de Rockin’, de l’explosivité electro-rock de False Alarm, de l’érotisme lynchien d’une collaboration avec Lana del Rey (Stargirl Interlude), d’un Secrets recyclant les influences new wave de Tears for Fears (un échantillon de Pale Shelter) et des Romantics (un refrain basé sur leur hit de 1982, Talking In Your Sleep) ou d’un éblouissant soul-rap, Sidewalks, électrisé par la présence de Kendrick Lamar et la fièvre d’une guitare serpentine.
The Weeknd - False Alarm
Durée : 05:46
Le duo français de Daft Punk, rencontré lors d’une fête, via des amis communs de Tesfaye et Guy-Manuel de Homem-Christo, tire la part du lion de cette variété musicale, avec le premier tube du disque et l’un des probables prochains, I Feel It Coming. Aussi joyeux que Starboy était sombre, ce dernier rayonne là encore d’une admiration commune pour Michael Jackson (également omniprésent dans le groove très Off the Wall de A Lonely Night).
The Weeknd brille aussi dans un registre plus classiquement R’n’B, quand l’agilité de son rappé-chanté se love autour du dépouillement sexy de mélodies accrocheuses telles Party Monster ou Reminder. Malheureusement l’album, trop long, se remplit également de banalités sirupeuses (True Colors, Nothing Without You) et d’une brillance conformiste (Attention, Love to Lay) qui rendent nostalgiques des premières expériences de la désormais star.
The Weeknd - M A N I A
Durée : 12:00
Starboy de The Weeknd, 1 CD XO/Republic/Universal Sur le web : www.theweeknd.com/, www.facebook.com/theweeknd/