« Laissez les sans-papiers étudier » : l’appel des facs américaines à Donald Trump
« Laissez les sans-papiers étudier » : l’appel des facs américaines à Donald Trump
Le Monde.fr avec AFP
Plus de 400 universités américaines ont lancé un appel au président élu, Donald Trump, pour qu’il abandonne son projet de mettre fin à un programme permettant d’étudier à des centaines de milliers de jeunes sans-papiers.
Mobilisation d’étudiants après l’élection de Donald Trump - Floride | JOE RAEDLE / AFP
On les surnomme « les rêveurs ». Ils sont quelque 1,2 million de jeunes arrivés clandestinement aux Etats-Unis quand ils étaient encore enfants. Ils ont pu légalement aller à l’école malgré leur statut, au collège puis au lycée, et parlent souvent mieux l’anglais que la langue de leurs parents. Environ 740 000 d’entre eux ont rejoint le programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals), approuvé en 2012 par le président démocrate Barack Obama. Un programme que Donald Trump, encore candidat, avait déclaré vouloir supprimer « immédiatement » s’il était élu.
De nombreuses universités prestigieuses, dont Columbia, Harvard, Yale, UCLA, Berkeley et Stanford l’appellent à revenir sur cette promesse de campagne. « Il s’agit à la fois d’un impératif moral et d’une nécessité nationale. L’Amérique a besoin de talents, et ces étudiants, qui ont été élevés et éduqués aux Etats-Unis, font déjà partie de notre pays », ont-elles fait valoir dans une déclaration commune. Celle-ci fait écho aux manifestations de milliers d’étudiants à travers les Etats-Unis qui avaient suivi la victoire surprise de Donald Trump le 8 novembre. Ils appelaient les responsables de leurs universités à transformer leurs campus en « sanctuaires », où les sans-papiers pourraient continuer à étudier en sécurité.
« Y réfléchir à deux fois »
S’il ne permet pas à ces jeunes en situation illégale d’obtenir des aides fédérales ni la très convoitée carte verte, celle de résident permanent, le programme DACA les autorise à étudier à l’université, à trouver un emploi et à avoir un permis de conduire, à condition d’être entrés dans le pays avant l’âge de 16 ans et d’avoir eu moins de 31 ans en 2012. Surtout, ils ne peuvent pas être expulsés pendant la durée de ce programme, renouvelable tous les deux ans. Pendant sa campagne électorale, où la lutte contre l’immigration clandestine a occupé une place de choix, le républicain Donald Trump avait qualifié le DACA d’« amnistie illégale ». Mais il n’a jamais précisé s’il comptait y mettre un terme en n’acceptant plus de nouveaux candidats ou en annulant tout simplement le programme.
Barack Obama a demandé à Donald Trump d’« y réfléchir à deux fois » avant de mettre fin à ce programme, qui touche des jeunes « qui sont, à toutes fins pratiques, Américains ». « Ce serait vraiment un gaspillage de talents de ne pas poursuivre et élargir le programme DACA », fait valoir le président de l’université de Pomona, David Oxtoby, qui a lancé l’initiative de la déclaration commune, selon laquelle ces étudiants « représentent le meilleur de l’Amérique ». Pour Wendy Feliz, de l’ONG d’aide aux migrants American Immigration Council, « ça ne fait aucun sens » de l’interrompre alors que le pays a déjà investi à ce point dans l’éducation de ces étudiants.
La présidente de Harvard, Drew Faust, compte faire venir des experts sur le campus pour qu’ils puissent conseiller ses 40 étudiants sans-papiers, selon le journal de l’université, le Harvard Crimson. Quant au doyen de l’université de Columbia, John Coatsworth, il a adressé un message ferme à tous les étudiants : « Nous ne permettrons pas à des agents des services d’immigration d’entrer sur nos campus sans une décision de justice et nous ne partagerons pas non plus d’information sur le statut d’étudiants sans-papiers avec eux, sauf si cela est exigé par une assignation ou sur ordre de la justice. »