Bilan Hollande : en matière de finances publiques, le redressement s’est fait attendre
Bilan Hollande : en matière de finances publiques, le redressement s’est fait attendre
Par Patrick Roger
Les hausses d’impôt décidées durant la première partie du quinquennat auront alimenté un « ras-le-bol fiscal» jusqu’à la fin.
Lorsque François Hollande a été élu, en mai 2012, le déficit public de la France était à 5,2 % du produit intérieur brut (PIB), la dette publique à 82,5 % et le taux de prélèvements obligatoires à 45 %. Les premières lois de finances du quinquennat marient deux objectifs : redresser la barre des déficits publics – le programme du candidat Hollande prévoyait de le ramener à 3 % dès 2013 et de remettre les comptes publics à l’équilibre en 2017 – et, à défaut d’une réforme fiscale d’envergure, réduire les inégalités fiscales.
Plus prosaïquement, pour stopper la dérive des déficits, le gouvernement Ayrault privilégie la hausse des recettes fiscales – 13 milliards d’euros pour le seul collectif budgétaire adopté à l’été 2012 – sur la réduction des dépenses publiques. Un coup de bambou fiscal qui poursuivra le chef de l’Etat jusqu’à la fin du quinquennat, le thème du « ras-le-bol fiscal » commençant à s’incruster dès l’été 2013.
Pas de ligne directrice cohérente, assumée
Sur le plan fiscal, ce qui aura cruellement manqué à ce quinquennat, c’est une ligne directrice cohérente, assumée. Trop d’allers-retours, comme sur la TVA, de revirements, comme sur la taxation des dividendes ou la fameuse « taxe à 75 % », de manques d’explications, comme sur l’alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail ou l’abaissement du plafond du quotient familial. Les classes moyennes et supérieures sont vent debout, les classes populaires n’en perçoivent guère les bénéfices et, même, pour une partie d’entre elles, voient leurs revenus baisser avec la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires, qui passe mal.
D’autant plus que les efforts demandés tardent à produire leurs effets. Et pour cause : après la brutale crise économique et financière de 2008-2009, la zone économique européenne traverse de nouveau une crise rampante. La politique d’ajustement budgétaire mise en œuvre simultanément dans tous les pays qui ne répondent pas aux critères de Maastricht, de manière plus ou moins violente, a pour effet de donner un sérieux coup de frein à la reprise de l’activité. La France n’est pas plus épargnée.
Le tournant de l’été 2014
L’été 2014 marquera un tournant important, tant sur le plan national qu’au niveau européen. Après avoir couru en vain après la chimère d’une réduction à marche forcée de son déficit, la France décide de jouer la carte de la vérité. La conjugaison d’une croissance faible et d’une inflation quasi nulle à l’échelle de la zone euro oblige à revoir les rythmes de réduction des déficits si on ne veut pas compromettre les chances de redémarrage de la croissance. Le gouvernement français s’engage dans une négociation serrée avec ses partenaires européens et obtient un délai supplémentaire pour ramener son déficit sous les 3 % en 2017.
Après avoir dans un premier temps agi prioritairement sur le levier fiscal, François Hollande et son gouvernement mettent désormais en œuvre un plan de réduction de la dépense publique, fixé à 50 milliards d’euros sur trois ans, entre 2015 et 2017. Un plan de maîtrise, plus précisément, et de régulation au fil de l’eau. Car, si des réformes structurelles sont bien engagées, elles ne peuvent produire d’effets immédiats. Parallèlement, il lance une politique de baisse continue de l’impôt sur le revenu pour les foyers modestes et moyens.
Depuis 2014, la France a globalement tenu ses engagements concernant la trajectoire de réduction de son déficit public. Celui-ci devrait être de 3,3 % fin 2016 et le projet de loi de finances pour 2017 prévoit de le ramener à 2,7 %. Ce que l’opposition de droite juge « irréaliste ».