Revue de presse : une décision « lucide » qui « rebat les cartes à gauche »
Revue de presse : une décision « lucide » qui « rebat les cartes à gauche »
Le Monde.fr avec AFP
« Geste de courage » ou « navrante tentative d’autojustification », la décision de François Hollande de renoncer à sa succession est à la « une » de la presse française vendredi matin.
Presse : le renoncement de François Hollande à la « une »
« Sans moi », « La fin », « Au revoir, président », « Hollande capitule ». La décision de François Hollande de renoncer à briguer sa succession à l’Elysée, un scénario inédit sous la Ve République, est à la « une » de tous les quotidiens vendredi 2 décembre. « Geste de courage » ou « navrante tentative d’autojustification », cette décision « rebat », quoi qu’il arrive, les cartes à gauche en vue de l’élection présidentielle de 2017.
« Respectable. Rares sont les hommes politiques suffisamment lucides pour s’écarter volontairement du pouvoir au nom d’un intérêt plus grand, d’une solidarité nécessaire », relève Laurent Joffrin, dans Libération. « On retiendra l’élégance du geste », ajoute-t-il.
Et le « courage », souligne Guillaume Goubert, de La Croix. Pour lui, « en agissant ainsi, François Hollande rehausse la dignité de l’action publique » et « cela inspire le respect ».
« François Hollande a fait preuve de lucidité, d’un courage. Le renoncement dans la dignité », écrit Michel Urvoy, dans Ouest-France. « Il fait le sacrifice d’une ultime ambition présidentielle pour sortir avec dignité », note Sébastien Lacroix, pour L’Union/L’Ardennais.
Hubert Coudurier, dans Le Télégramme, voit : « Un certain panache à ne pas s’accrocher au pouvoir jusqu’au bout au nom de l’intérêt général ». Pour Jean-Claude Souléry, de la Dépêche du Midi, la décision « témoigne d’une lucidité, rare par les temps qui courent ». « Lucidité et courage » sont deux mots repris également par Jean Levallois, de la Presse de la Manche. Une « lucidité » qui « mérite le respect », assure Bernard Maillard du Républicain Lorrain.
Le Figaro, sous la plume d’Alexis Brézet, adopte un tout autre ton :
« Il aurait pu, pour son dernier message politique, prendre un peu de hauteur. Adresser aux Français une exhortation solennelle. Laisser à la gauche un testament spirituel. Fouetter les énergies, transmettre le flambeau. Au lieu de cela, qu’avons-nous vu ? La navrante tentative d’autojustification, prononcée d’une voix blanche, d’un homme comme absent de lui-même. »
Le Parisien revient, lui sur la promesse la plus symbolique de François Hollande :
« S’il y a bien une promesse électorale qu’il n’aura pas tenue, c’est celle d’être un président normal. François Hollande n’aura rien fait comme les autres, ou presque. (…) Isolé dans son propre camp, lâché par ses plus fidèles, Hollande ne pouvait ignorer qu’il allait au-devant d’une humiliation électorale et risquer de participer à l’implosion définitive du Parti socialiste. Finalement, il a pris une décision normale. »
Même son de cloche du côté de L’Opinion : « Jusqu’au bout ce quinquennat aura donc été inédit, écrit Rémi Godeau. François Hollande devait choisir, croyait-on, entre deux humiliations : l’échec à la primaire de la gauche ou l’élimination dès le premier tour de l’élection présidentielle. Il aura opté pour une troisième, jamais vue : celle d’acter son échec avant même de combattre. »
« Un impact considérable à gauche »
Une décision certes lucide mais forcée notamment par l’impopularité du chef de l’Etat qui allait « au-devant d’une humiliation électorale », soulignent aussi les éditorialistes. Enfin, une décision qui, pour eux, « rebat les cartes » à gauche à moins de deux mois de la primaire.
« Les cartes sont désormais rebattues », annonce Daniel Muraz, du Courrier Picard. « Le bal des prétendants est ouvert », ironise Jean-François Laville, de l’Est Eclair. Plus sérieusement, Michel Urvoy (Ouest-France) assure que : « cette décision va avoir un impact considérable » à gauche.
Le premier ministre « a gagné. Il a forcé François Hollande à admettre qu’une nouvelle candidature serait contraire à l’intérêt de la gauche », analyse Cécile Cornudet, des Echos. Et dès lors, Manuel Valls endosse « aujourd’hui le costume du candidat de recours », pour Hervé Favre, de La Voix du Nord.
Il « aura la lourde tâche de mener la mission quasi-impossible du rassemblement du PS et de la gauche » rappelle Dominique Garraud, de la Charente Libre.
« François Hollande se sacrifie pour sauver la gauche. Saura-t-elle relever le défi de cet héritage ? Pas certain quand on recense tous les amateurs déjà alignés sur la grille de départ », écrit en guise de conclusion Alain Dusart, de l’Est Républicain.