Les avocats de la famille de Nie Shubin, en 2014, lors de la réouverture de l’enquête sur l’exécution du jeune homme. | FRED DUFOUR / AFP

La Cour suprême chinoise a innocenté, vendredi 2 janvier, Nie Shubin, un jeune homme exécuté en 1995 à l’âge de 20 ans pour le meurtre et le viol d’une femme près de la ville de Shijiazhuang. C’est la dernière erreur judiciaire reconnue en Chine.

« La Cour populaire suprême estime que les faits invoqués lors du procès initial étaient incertains et les preuves insuffisantes, et modifie ainsi le verdict initial en déclarant l’innocence » de Nie Shubin, âgé de 20 ans lorsqu’il a été fusillé, a annoncé la Cour suprême dans un communiqué sur son compte officiel.

Lors du procès, ni l’heure du crime, ni le mode opératoire, ni les motivations du meurtrier n’avaient pu être établis, et d’importants documents relatifs aux témoins et à la déposition de l’accusé étaient manquants. « Des doutes subsistent sur la véracité et la légalité des aveux » de Nie, a-t-elle souligné.

Affaire réouverte en 2014

Depuis l’arrestation en 2005 d’un tueur de série qui avait avoué le meurtre, la famille de Nie Shubin demandait justice. L’affaire n’a été rouverte officiellement qu’en 2014.

La Haute Cour du Hubei, qui avait condamné et exécuté Nie, « a exprimé ses plus profondes excuses » à ses proches et va enquêter prochainement sur « d’éventuels problèmes d’illégalité relatifs au procès », selon CCTV.

A la fin de 2014, un tribunal de Mongolie-Intérieure avait déjà prononcé l’acquittement d’un adolescent exécuté à tort dix-huit ans auparavant pour viol et meurtre. Son innocence avait été reconnue neuf ans après qu’un autre homme avait avoué le meurtre, en 2005.

Le taux de condamnation des tribunaux chinois est officiellement de 99,92 %, et les risques d’erreurs judiciaires sont alimentés par les aveux parfois extorqués par la police. La Chine est considérée comme le pays réalisant le plus d’exécutions. Leur nombre est estimé à plusieurs centaines par an, mais le chiffre exact reste un secret d’Etat.