Pollution : pour la première fois Lyon décide d’imposer la circulation alternée
Pollution : pour la première fois Lyon décide d’imposer la circulation alternée
Par Richard Schittly (Lyon, correspondant)
Enveloppée dans un brouillard de pollution, la capitale rhônalpine fait face, dans le même temps, à une grève des transports en commun.
A Lyon, le 7 décembre.Il faut que le seuil de 80 µg/m3) de particules fines soit atteint ou dépassé durant quatre jours de suite pour que des mesures réglementaires soient prises. | PHILIPPE DESMAZES / AFP
C’est une première dans la région lyonnaise : la mise en place de la circulation alternée à Lyon et Villeurbanne pour lutter contre la pollution atmosphérique a été décidée mercredi 7 décembre par le préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Delpuech. La mesure entre en action vendredi matin 9 décembre, à partir de 5 heures. Seuls les véhicules aux numéros minéralogiques impairs pourront circuler. Des dispositifs préfectoraux, comme la réduction de vitesse ou la limitation de certaines activités industrielles, ont déjà été pris dans le passé, dès que des seuils d’alerte étaient atteints. Mais c’est bien la première fois que l’autorité préfectorale décide de limiter la circulation automobile.
D’un strict point de vue réglementaire, le préfet de région n’était pas tenu de prendre cette décision. Il faut en effet que le seuil de 80 microgrammes au mètre carré (80 µg/m3) de particules fines soit atteint ou dépassé durant quatre jours de suite. Ce taux n’a été atteint que mercredi 7 décembre. Il était de 80 µg/m3 mardi 6 décembre et de 76 µg/m3 lundi 5 décembre. En plus d’une augmentation constante de la concentration de particules, observée dans les mesures journalières, c’est surtout un facteur météorologique qui a fait pencher la décision préfectorale.
Le brouillard enveloppe toute la région lyonnaise. Les masses d’air sont en stagnation. Les prévisions indiquent que la situation ne devrait pas sensiblement évoluer dans les cinq prochains jours au moins. « Une masse d’air chaud se maintient en altitude, les rejets polluants s’accumulent dans une masse d’air froid restreinte, c’est un effet marmite, nous ne voyons pas la sortie », explique Nicolas Vigier, ingénieur à Air Rhône-Alpes, l’organisme d’analyse de la qualité de l’air dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Grève des transports en commun
Dans ces conditions, le seuil critique de 80 µg/m3 risque d’être dépassé dans les prochains jours, d’où une mesure « par anticipation », selon le terme du communiqué de la préfecture de région. Dans le même communiqué, la préfecture incite les élus à agir à leur tour : « Le préfet a informé le sénateur-maire de Lyon [de la mise en œuvre de la circulation alternée] en l’invitant à mettre en œuvre toutes les mesures permettant la gratuité des transports en commun. »
Sur ce point, la métropole de Lyon ne semble pas prête à suivre les recommandations préfectorales. Pas question d’instaurer la gratuité des transports dans l’immédiat, fait savoir en substance l’entourage de Gérald Collomb, président (PS) de la métropole de Lyon. Agglomération qui, de plus, connaît actuellement une grève des transports en commun lyonnais (TCL), à la veille de la célèbre fête des Lumières, prévue du 8 au 11 décembre.
A cette raison conjoncturelle, s’ajoute un choix de fond. « Le pic de pollution, c’est toujours le constat d’un échec, mais il ne doit pas faire oublier que nous obtenons des résultats sur le long terme, globalement la pollution de l’air est en baisse dans la région lyonnaise, nous investissons massivement dans les transports en commun, nous préférons le travail de fond », plaide Thierry Philip, vice-président (PS) de la métropole de Lyon, chargé de l’environnement et de la santé.
Le maire (PS) de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, préconise au contraire la gratuité des transports et conteste la position de la métropole : « On ne peut pas mettre en place la circulation alternée sans la compensation de la gratuité des transports en commun. On ne peut pas s’abriter derrière un argument économique », estime l’élu.
Polémique
La gestion du pic de pollution prend un tour politique. « La mesure de circulation alternée déclenchée par la préfecture du Rhône ne suffira pas à résorber cette pollution, d’autant plus que la gratuité induite des transports en commun n’est valable que si ces derniers fonctionnent », assure Pascal Blache, maire (divers droite) du VIe arrondissement de Lyon, dans un communiqué diffusé mercredi, dans lequel il s’adresse aux grévistes : « Il serait irresponsable, insoutenable, que vous ne cessiez pas immédiatement votre mouvement. Tous les habitants et usagers de la métropole sont vos victimes, y compris dans votre entourage proche. »
« On voudrait se moquer des Lyonnaises et des Lyonnais qu’on ne s’y prendrait pas autrement. A la veille du 8 décembre et de la fête des Lumières qui permettent à notre ville de rayonner, cette situation est inacceptable », estiment les élus LR et apparenté à la métropole de Lyon.
Pollution de l’air : la circulation alternée est-elle vraiment efficace ?
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