Services de renseignement américain et britannique, combien de divisions ?
Services de renseignement américain et britannique, combien de divisions ?
Par Jacques Follorou
Les budgets des deux principales agences de l’alliance « Five Eyes » ont encore été augmentés ces deux dernières années, sur fond de lutte contre le terrorisme.
Le siège de la NSA à Fort Meade, dans le Maryland, en 2006. | HO / AFP
Au sein du club très fermé des « Five Eyes » qui réunit, depuis la seconde guerre mondiale, les services secrets techniques américains, britanniques, australiens, canadiens et néo-zélandais, le Royaume-Uni et les Etats-Unis tiennent les deux principaux rôles.
Là où l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine compte 60 000 personnes, son homologue française, la direction technique de la Direction générale de sécurité extérieure (DGSE) emploie 3 000 agents. Chargée d’une mission offensive et défensive, la NSA s’efforce d’avoir accès à tous les réseaux informatiques et de communication afin de collecter et de traiter en masse les données de connexions. Elle dispose d’un budget annuel de plus de 10 milliards de dollars, supérieur à celui de la CIA.
Créée en 1952 par un décret secret du président Harry Truman soucieux de réorganiser l’ensemble des moyens d’interception américains, l’existence de la NSA n’a été officiellement reconnue qu’en 1957. En dépit du fait qu’elle soit le premier employeur de mathématiciens et qu’elle utilise les outils informatiques les plus puissants, il a fallu attendre le début des années 1990 pour que ses véritables missions soient révélées.
Plus de deux milliards d’euros supplémentaires pour le GCHQ
L’autre grand acteur du renseignement occidental, l’homologue britannique de la NSA, le GCHQ (Government Communications Headquarters) a été fondé par Winston Churchill, alors Premier lord de l’Amirauté lors de la première guerre mondiale, lorsqu’il fallait espionner les communications de l’armée allemande. L’existence du service, le plus important du monde après la NSA, n’a été reconnu officiellement qu’en 1983. Le 17 novembre 2015, pour la première fois de son histoire, le GCHQ recevait, à son siège de Cheltenham (150 km à l’ouest de Londres), le chancelier de l’Echiquier, George Osborne, venu annoncer ce que ses 6 500 membres savaient déjà, à savoir qu’ils étaient devenus le premier rempart du pays face aux menaces de tous ordres.
L’équivalent du ministre des finances annonçait alors, en présence de l’ambassadeur américain au Royaume-Uni, qu’un effort financier exceptionnel allait être réalisé par son gouvernement afin de donner au pays les moyens de se protéger mais aussi d’attaquer. Londres assumait publiquement que le cyber était devenu le principal champ de bataille.
Le Royaume-Uni a prévu, fin 2015, de débloquer 1,9 milliard de livres (2,3 milliards d’euros) sur cinq ans pour consacrer la place centrale du GCHQ auquel a été rattaché, en 2016, un cyber-centre national coordonnant l’ensemble des actions menées dans ce domaine. Enfin, la formation a été déclarée priorité nationale. Un institut de cryptologie a été créé pour 20 millions de livres (24 millions d’euros) et des programmes de sensibilisation financés pour recruter dans les universités mais aussi dans les collèges, « dès 14 ans ».
Documents Snowden : nos révélations
Le Monde a travaillé directement sur l’intégralité des documents Snowden, confiés par l’ancien agent de la NSA à Glenn Greenwald et Laura Poitras, en collaboration avec le site américain The Intercept, où ils sont stockés sous haute sécurité.
Ces documents montrent :
Comment la NSA et les GCHQ, les agences américaine et britannique de renseignement électronique, ont fait en sorte de pouvoir surveiller les téléphones portables utilisés à bord des vols d’avions commerciaux, en prenant très tôt Air France pour cible principale.
Cette brève sera actualisée au fur et à mesure de nos révélations.