Alep, chômage, aide pour les apprentis… ce qu’il faut retenir du discours de Cazeneuve
Alep, chômage, aide pour les apprentis... ce qu’il faut retenir du discours de Cazeneuve
Le Monde.fr avec AFP
Lors de sa déclaration de politique générale, le nouveau chef du gouvernement a dénoncé les massacres à Alep et annoncé le versement d’une aide exceptionnelle aux apprentis de moins de 21 ans en 2017.
Une semaine après la passation de pouvoirs avec Manuel Valls, le nouveau chef du gouvernement Bernard Cazeneuve s’est engagé devant les députés, mardi 13 décembre, à faire que chaque journée de son court bail à Matignon soit « utile » à la France pour « préparer l’avenir », dans son discours de politique générale, qui devrait lui valoir une confiance assez large à gauche.
Dans un discours de 45 minutes devant un hémicycle pas totalement comble mais en présence du gouvernement quasi-complet, le premier ministre a défendu le bilan du quinquennat, de l’écologie à l’économie. Et il s’est placé dans les pas des « réformes engagées par les gouvernements de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls ». Après un débat, les députés seront appelés à voter la confiance, le résultat étant attendu vers 19 heures.
- Dénonciation des massacres à Alep
En préambule de sa déclaration, M. Cazeneuve a dénoncé les « innombrables atrocités » et les « massacres » commis par le régime syrien contre des civils à Alep, qui peuvent constituer des « crimes de guerre voire des crimes contre l’humanité ». Il a souligné que « ceux qui les ont perpétrés auront à rendre compte devant la communauté internationale des crimes dont ils sont les auteurs ». Et d’ajouter :
Jamais nous n'accepterons, au nom d'un prétendu réalisme, de nous allier avec les responsables du martyre d'Alep. #directAN
— BCazeneuve (@Bernard Cazeneuve)
Bernard Cazeneuve dénonce les atrocités commises à Alep
Durée : 01:36
- Tacle contre Fillon : « On peut moderniser sans détruire »
« On peut réformer sans abîmer, on peut moderniser sans détruire », a lancé M. Cazeneuve en visant le programme du candidat de la droite à l’élection présidentielle, qui prévoit la suppression de 500 000 fonctionnaires au cours du prochain quinquennat :
Proposer de supprimer des centaines de milliers de postes de fonctionnaires en quelques mois, c’est remettre tout simplement en cause la capacité de l’Etat à assumer ses missions les plus élémentaires
François Fillon dans l'hémicycle pendant que Bernard Cazeneuve, Premier ministre, prononce son discours de politique générale devant les députés à l’Assemblée nationale à Paris, mardi 13 décembre 2016 - 2016©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde | Jean-Claude Coutausse / Jean-Claude Coutausse
- Aide pour les apprentis de moins de 21 ans
Une « aide exceptionnelle de 335 euros » sera versée en 2017 aux apprentis de moins de 21 ans, a annoncé le nouveau chef du gouvernement. Cette aide correspond à une enveloppe de 80 millions d’euros déjà prévue dans le budget pour 2017, un geste annoncé en avril par Manuel Valls en réponse aux mouvements de jeunesse contre la loi travail.
L’ex-premier ministre avait promis une réflexion sur la grille de rémunération des apprentis et, en attendant les résultats, une mesure d’application immédiate dès 2017 pour améliorer le pouvoir d’achat des jeunes apprentis. Cette mesure n’avait pas encore été précisée. Le salaire minimum des apprentis dépend de l’âge du jeune et de l’année d’exécution de son contrat.
- Protection sociale
M. Cazeneuve a également évoqué « une victoire pour la France » dans la réduction du déficit du régime général de la sécurité sociale « à 400 millions d’euros en 2017 alors qu’il était de 17,4 milliards en 2011. Pour la première fois depuis 2002, la sécurité sociale se désendette ».
Il a également mentionné « 31 000 postes de personnels soignants ouverts » dans les hôpitaux depuis le début du quinquennat. Par ailleurs, a-t-il ajouté, « nous allons engager la première étape de la réforme des minima sociaux, adoptée avec un objectif clair : garantir à chacun l’accès à ses droits sociaux ».
Son gouvernement, « dès le début de l’année de 2017 », prendra également « de nouvelles mesures pour assurer l’accès des patients aux soins dans les territoires, pour lutter contre les déserts médicaux et inciter les professionnels de santé à y exercer ».
- Emploi, croissance, compétitivité
Cazeneuve a aussi assuré que la lutte contre le chômage resterait « évidemment la priorité » de son gouvernement, affirmant vouloir « amplifier » la baisse du nombre de demandeurs d’emplois et du taux de chômage
Au nom du Gouvernement de la France, je dénonce l'horreur des massacres à #Alep. Ceux qui les ont perpétrés auront à en rendre compte
— BCazeneuve (@Bernard Cazeneuve)
Rappelant que « le nombre de demandeurs d’emplois inscrits chez Pôle emploi a baissé de 101 700 depuis le début de l’année », M. Cazeneuve a estimé que « la politique menée depuis 2012 commence à porter ses fruits ». Cette évolution doit être amplifiée, a-t-il ajouté, répétant que le plan de 500 000 formations supplémentaires pour les chômeurs serait prolongé pour au moins un semestre.
M. Cazeneuve a également rappelé le lancement de l’expérimentation « zéro chômeur de longue durée » dans dix territoires début janvier et la généralisation à la même date de la « garantie jeunes », parcours d’accompagnement vers la formation et l’emploi assorti d’une allocation de 460 euros.
- Questions européennes
M. Cazeneuve a dit croire en une « Europe ouverte » et pas « offerte », soulignant ainsi la nécessité pour l’Europe de « défendre ses intérêts dans la mondialisation » et demandant à ce que « les accords commerciaux » garantissent « la loyauté des échanges, la réciprocité dans l’accès aux marchés publics, la prise en compte des normes sociales et environnementales ».
M. Cazeneuve fait notamment référence au projet controversé de traité de libre-échange transatlantique (TTIP) entre les Etats-Unis et l’Europe, au sujet duquel la France a « clairement dit non ».
M. Cazeneuve a aussi insisté sur la protection des « droits des travailleurs », en épinglant les « fraudes au détachement » qui sont « délétères » pour le modèle social français. Et de promettre :
« Nous poursuivrons le combat de la France pour obtenir une révision ambitieuse de la directive de 1996 sur le détachement des travailleurs, en traquant en particulier les sociétés boîtes-aux-lettres »
Une directive révisée, proposée en mars par la Commission européenne, vise justement à aligner les conditions des travailleurs détachés, souvent employés dans le bâtiment, les abattoirs ou l’agriculture, sur celles des travailleurs locaux, mais elle s’est heurtée au refus de onze pays, en majorité d’Europe de l’Est.