Deux yézidies rescapées de l’EI, Nadia Murad Basee et Lamia Haji Bachar, remportent le prix Sakharov
Deux yézidies rescapées de l’EI, Nadia Murad Basee et Lamia Haji Bachar, remportent le prix Sakharov
Le prix Sakharov 2016 « pour la liberté de l’esprit » a été remis mardi à ces deux jeunes femmes qui ont réchappé à l’Etat islamique.
Lamia Haji Bachar (à gauche) et Nadia Murad Basee | Parlement européen
Lamia Haji Bachar et Nadia Murad Basee ont reçu, mardi 13 décembre, le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit. Elles ont remercié le Parlement européen de les soutenir dans le combat qu’elles mènent depuis qu’elles ont réussi à échapper à l’organisation Etat islamique (EI). « Je suis là pour être la voix des victimes », a affirmé Lamia Haji Bachar, 18 ans. « Je vous demande de promettre que jamais plus vous ne permettrez de tels actes. »
ISIS survivors Nadia Murad & Lamiya Aji Bashar have just been awarded #SakharovPrize for freedom of thought by EP https://t.co/UbHETAsjrs
— Europarl_Photo (@EU Parliament Photo)
Lamia Haji Bachar puise sa détermination dans l’horreur et les épreuves qu’elle a connues. Dans une interview accordée à la chaîne Euronews , elle explique comment l’organisation Etat islamique a entrepris de détruire sa communauté, celle des yézidis, une minorité religieuse irakienne. « Même s’il ne restait plus qu’un seul yézidi, on parlerait pour témoigner de ce qu’il s’est passé », explique la jeune fille âgée de 18 ans.
Lamia Haji Bachar a été enlevée le 3 août 2014 dans son village natal de Kocho, situé dans le nord de l’Irak. Tombée dans les mains de l’EI, elle servira notamment d’esclave sexuelle aux djihadistes. Vendue à cinq reprises, elle a également été contrainte de fabriquer des bombes et des ceintures d’explosifs à Mossoul. Sur son site, le Parlement européen raconte comment elle a réussi à échapper à l’EI, après plusieurs tentatives, en avril 2016. Au cours de sa fuite, elle a été grièvement blessée par l’explosion d’une mine antipersonnel. Son visage en porte aujourd’hui les stigmates. Elle a finalement pu être évacuée en Allemagne pour y être soignée.
Ambassadrice de bonne volonté
Nadia Murad Basee a été enlevée le même jour, dans le même village, et a connu la même horreur. « De jour comme de nuit, ils venaient nous violer. Ces hommes, tout ce qu’ils faisaient c’était tuer d’autres hommes, et violer les femmes et les filles », confiait-elle en février à la chaîne France 24. Elle parviendra elle aussi à s’échapper, en novembre 2014, et à se rendre dans un camp de réfugiés au nord de l’Irak, avant de rejoindre l’Allemagne.
Fin 2015, elle a pris la parole devant la toute première session du Conseil de sécurité de l’ONU sur la traite des êtres humains, en prononçant un discours poignant sur le sort des femmes yézidies. Selon des informations récentes recueillies sur place par Amnesty International, « quelque 3 800 femmes et enfants se trouvent toujours en captivité aux mains de l’EI ». Des victimes qui ne bénéficient pas d’un soutien adéquat de la part de la communauté internationale, estime l’organisation de défense des droits de l’Homme.
A chacune de ses interventions, Nadia Murad Basee, désormais âgée de 23 ans, réitère son appel à l’aide. Elle a été nommée en septembre 2016 ambassadrice de bonne volonté de l’Office des Nations unies pour la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC) pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains. Le Conseil de l’Europe lui a décerné en octobre le prix des droits de l’homme Vaclav Havel. Un titre et des honneurs qui lui permettent de poursuivre son combat en faveur de ces innombrables jeunes filles et femmes victimes de la barbarie de l’Etat islamique.