Bouches-du-Rhône : douze ans de prison pour un policier qui a tué un lycéen
Bouches-du-Rhône : douze ans de prison pour un policier qui a tué un lycéen
Le Monde.fr avec AFP
Une bagarre avait éclaté le 14 février 2013 dans une épicerie marseillaise entre le policier, en état d’ébriété, et Yassin Aibeche, un lycéen sans histoires.
Des dossiers d'instruction sont posés sur une table de la salle d'audience de la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, le 31 mars 2011. | GERARD JULIEN / AFP
La cour d’assises des Bouches-du-Rhône a condamné, vendredi 16 décembre, à douze ans de réclusion criminelle un policier marseillais pour le meurtre d’un lycéen de 19 ans avec son arme de service en dehors de ses heures de travail.
Jusqu’à la dernière minute de son procès, Frédéric Herrour, un ex-sous-brigadier de 43 ans, a évoqué un tir accidentel. Il a présenté ses « profonds regrets pour ce dramatique accident », ajoutant : « Je n’ai jamais eu l’intention de blesser ou de provoquer la mort de Yassin Aibeche ».
Une peine de treize à quinze années de réclusion criminelle avait été requise. Alors que ses avocats ont réclamé la disqualification de meurtre en homicide involontaire, l’avocat général Olivier Couvignou a estimé que l’accusé avait volontairement donné la mort. « Accorderez-vous à Frédéric Herrour un permis de tuer ? », a-t-il commencé son réquisitoire. Et de poursuivre :
« Les parents de la victime devront-ils se résoudre à l’idée que leur enfant de 19 ans, foudroyé dans le dos par le projectile d’une arme de guerre, a simplement succombé à un accident de voie publique ? Si vous dites à sa famille, à la société, que c’est un accident, ce sera un déni de justice. »
Un homme seul, en proie à ses addictions
Le flou persiste sur les raisons de la bagarre qui éclata le 14 février 2013 vers minuit dans une épicerie de nuit marseillaise entre le policier, en dehors de ses heures de service, en état d’ébriété, et Yassin Aibeche, lycéen sans histoires d’une cité difficile des quartiers nord de Marseille. Si l’accusé a évoqué à l’audience une agression « antiflic », l’avocat général a contesté ce motif crapuleux.
« Pourquoi chercher la thèse du quartier criminogène où les policiers seraient des défouloirs quand rien ne l’établit », s’était insurgée Me Céline Carru, avocate de la mère de la victime.
L’accusation a souligné que « ce procès n’est pas celui de l’uniforme » mais celui d’« une solitude ancrée dans de mauvaises habitudes », celle d’un policier décrit comme un homme seul, en proie à ses addictions à l’alcool et au cannabis, « capable d’asséner quelques claques à une ex-concubine lorsqu’il est à vif ».