La maire 5 étoiles de Rome, Virginia Raggi, cernée par les affaires
La maire 5 étoiles de Rome, Virginia Raggi, cernée par les affaires
Par Salvatore Aloïse (Rome, correspondance)
Le responsable des ressources humaines de la commune a été arrêté, tandis que l’adjointe chargée de l’environnement a dû quitter son poste après une mise en examen.
Un conseiller municipal de l’opposition brandit une feuille avec les photos de la maire de Rome, Virginia Raggi, et son chef des ressources humaines, Raffaele Marra, lors d’une manifestation au Capitole, le 16 décembre 2016. | FILIPPO MONTEFORTE / AFP
Il était considéré comme l’éminence grise de la maire 5 étoiles de Rome, Virginia Raggi, et les observateurs se perdaient en conjectures sur l’importance de son influence. Le sulfureux Raffaele Marra, responsable des ressources humaines de la commune, a été arrêté vendredi 16 décembre pour corruption.
Tout est parti de 2013. La ville était alors dirigée par Gianni Alemanno, un transfuge de l’extrême droite néofasciste, et Raffaele Marra, responsable du patrimoine immobilier de la commune, avait acquis deux appartements auprès du promoteur immobilier Sergio Scarpellini à très bas prix. L’homme d’affaires aurait même versé une somme d’argent au dirigeant municipal pour faciliter la transaction… Il a été lui aussi interpellé.
A son arrivée en fonctions, début juillet, après une campagne triomphale menée sur le thème de la lutte contre la corruption, Virginia Raggi avait nommé Raffaele Marra dans son cabinet, à la surprise générale. Puis, face au tollé – y compris dans son propre camp –, elle l’avait placé à un poste moins exposé mais particulièrement sensible, en lui confiant les ressources humaines de la mairie. Mais M. Marra n’avait jamais cessé d’exercer un rôle central dans l’entourage de la maire, qui refusait avec obstination de se séparer de cet homme malgré la multiplication des enquêtes accablantes dans la presse.
Contradictions
Jeudi, la maire de Rome a été forcée de reconnaître publiquement son erreur, avant de s’excuser auprès des Romains et de Beppe Grillo, le chef politique du M5S, qui depuis des mois multipliait les séjours à Rome, cherchant à obtenir de Mme Raggi qu’elle se sépare des membres les plus controversés de son entourage. Raffaele Marra « n’est pas un militant [des 5 étoiles], mais un des 23 000 salariés de la commune », a-t-elle tenté de se défendre. Sans répondre à la question : pourquoi avoir, pendant des mois, cherché à le défendre coûte que coûte malgré l’évidence ?
Elue avec 67 % des voix, mi-juin, Virginia Raggi a multiplié les cafouillages dans les premières semaines de son mandat, avec de grandes difficultés à composer son équipe. Plusieurs nominations se sont conclues par des départs violents. D’autres sont vite apparues comme contradictoires avec les principes d’honnêteté et de transparence affichés par le Mouvement 5 étoiles. Outre Raffaele Marra, un employé municipal et activiste M5S, Salvatore Romeo, a été bombardé secrétaire politique en multipliant par trois son salaire. Et Paola Muraro, nommée adjointe à l’environnement alors qu’elle avait travaillé comme consultante auprès de la société en charge du traitement – désastreux – des ordures de la capitale, pour un montant cumulé de 1 million d’euros.
Tout s’est effondré en quelques jours. Paola Muraro, défendue jusqu’ici bec et ongles, a dû démissionner, la nuit de lundi 12 décembre, à la suite de sa mise en examen. Jeudi 15 décembre, la police s’est présentée au Capitole pour saisir les papiers sur la nomination de Salvatore Romeo. Puis, vendredi, la déflagration de l’affaire Marra.
Le M5S, qui a fait de l’honnêteté son cheval de bataille, se retrouve ainsi face à ses contradictions. L’administration de la capitale aurait pu être la vitrine idéale du mouvement, mais, au lieu de cela, Rome ne cesse d’offrir le spectacle d’un accablant mélange d’improvisation, d’amateurisme, ou, pire, d’affairisme. Le Mouvement tente de serrer les rangs mais les prises de distance se multiplient. Dans son blog, Beppe Grillo s’en est directement pris à la maire de Rome : « Je t’avais prévenue, à toi maintenant de réparer. »
Le Parti démocrate (PD, centre gauche) a bien cherché à contre-attaquer, en dénonçant la « coresponsabilité de Beppe Grillo à Rome », mais il n’est pas en situation de pavoiser : au moment où éclatait la tempête romaine, le maire de Milan, Beppe Sala (PD), annonçait s’être « auto-suspendu ». Une information judiciaire à son nom venait d’être ouverte concernant son rôle dans un appel d’offres douteux concernant l’Exposition universelle de Milan, en 2015.