Les affrontements ont eu lieu sur la commune du Mont-Dore, en banlieue de Nouméa. | Google Maps

Le tueur présumé de Ramon Noraro, l’un des meneurs des exactions depuis fin octobre à St Louis en Nouvelle-Calédonie, a été mis en examen pour meurtre et tentative de meurtre, a annoncé mercredi le procureur de la République.

Il s’agit du dernier épisode en date de la crise qui agite cette tribu kanak de la commune du Mont-Dore, en banlieue de Nouméa, depuis que le 29 octobre un jeune, évadé de prison, a été tué par un gendarme alors qu’il fonçait sur un autre gendarme au volant d’une camionnette.

Tirs sur les forces de l’ordre, agressions d’automobilistes, entraves à la circulation, jets de pierre sont récurrents dans et aux abords de cette communauté de 1 400 personnes où quelques dizaines d’individus, dont de nombreux mineurs, font régner la tension. Douze gendarmes et un pompier ont été blessés depuis le début de la crise. « Individu dangereux » recherché et meneur des troubles, Ramon Noraro a été tué lundi matin lors de heurts entre deux groupes rivaux.

D’après les éléments fournis par le procureur de la République Alexis Bouroz, des individus se sont rendus au domicile du tireur pour « en découdre ». Un mineur de 15 ans, neveu de Ramon Noraro, a alors reçu une gerbe de plomb « en pleine face ».

Ramon Noraro, bien connu des services judiciaires, est alors venu sur place et a été touché mortellement au cou et au torse. Un homme de 32 ans, qui s’enfuyait en courant, a été blessé aux jambes.

Guerre de terrain

Agé de 27 ans, le tireur présumé, condamné 19 fois pour vols aggravés, était en cavale depuis mai 2015, époque où il se trouvait alors en régime de semi-liberté.

« Ces faits sont l’illustration d’une guerre que se mènent des éléments rivaux dans une logique de conquête de terrain que j’assimile à ce qu’on voit à Marseille », a déclaré M.Bouroz. Il a en outre déploré que St Louis soit « sous certains aspects un sanctuaire pour les évadés » alors que la population par connivence ou par « peur » ne coopère pas avec les enquêteurs.

Avec la mort de Ramon Noraro et la condamnation la semaine dernière à deux ans de prison ferme de Rock-Victorin Wamytan surnommé « Banane », Alexis Bouroz a estimé que « les deux principaux instigateurs » des troubles étaient hors d’état de nuire. « Il reste cependant une poignée d’individus qui semblerait incontrôlable (...), qui ont à l’esprit la volonté de tuer un gendarme. Il y a des prémices d’accalmie mais on n’est pas complètement serein », a également déclaré le procureur.

Un dispositif de gendarmerie avec deux véhicules blindés est présent en permanence sur la route qui longe St Louis.