Bahreïn : l’opposant Nabil Rajab libéré en attendant son procès
Bahreïn : l’opposant Nabil Rajab libéré en attendant son procès
Le Monde.fr avec AFP
Figure de l’opposition chiite, Nabil Rajab sera jugé en janvier pour avoir critiqué l’intervention militaire de l’Arabie saoudite et de ses alliés au Yémen, ainsi que la torture dans une prison à Bahreïn.
Le célèbre opposant et défenseur des droits de l’homme Nabil Rajab en novembre 2014. | MOHAMMED AL-SHAIKH / AFP
Un tribunal à Bahreïn a ordonné, mercredi 28 décembre, la libération de l’opposant et défenseur des droits de l’homme Nabil Rajab en attendant son procès fixé au 23 janvier, selon une source judiciaire.
M. Rajab, qui a eu des problèmes de santé, est jugé pour avoir critiqué l’intervention militaire de l’Arabie saoudite et de ses alliés au Yémen, ainsi que la torture dans une prison à Bahreïn. Il risque jusqu’à quinze ans de prison. Présent à l’audience mercredi, l’opposant ne pourra pas quitter le territoire de Bahreïn en attendant son procès, a précisé la source judiciaire.
Figure de proue de l’opposition chiite, Nabil Rajab, 52 ans, avait de nouveau été arrêté le 13 juin près d’un an après sa libération à la faveur d’une grâce royale pour « raisons de santé ».
Des lettres dans « Le Monde » et le « New York Times »
Défenseur des droits de l’homme, il est cette fois poursuivi pour « propagation de fausses nouvelles et de rumeurs en temps de guerre », selon l’acte d’accusation. Celui-ci se réfère à la guerre au Yémen, où Bahreïn participe, depuis mars 2015, à une coalition arabe sous commandement saoudien qui lutte contre une rébellion chiite.
Ces accusations se fondent sur des tweets de M. Rajab en 2015, dans lesquels il avait aussi dénoncé des actes de « torture » à la prison de Jaw à Bahreïn.
Nabil Rajab fait par ailleurs l’objet d’enquêtes pour des lettres publiées en septembre par le New York Times et en décembre par Le Monde, dans lesquelles il a notamment critiqué le pouvoir à Bahreïn. Un expert en cybercriminalité a d’ailleurs été entendu mercredi lors de l’audience, selon la source judiciaire.
De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch, s’étaient mobilisées ces dernières semaines pour obtenir la libération de M. Rajab, cofondateur et président du Bahrain Center for Human Rights (GCHR). Il est aussi l’un des animateurs du mouvement de contestation à Bahreïn qui réclame depuis plusieurs années une véritable monarchie constitutionnelle à la dynastie sunnite.
Le petit royaume de Bahreïn, siège de la Ve Flotte des États-Unis, est secoué par des manifestations sporadiques depuis la répression en 2011 de la contestation animée par la majorité chiite.