Le panthéon de la musique noire américaine
Le panthéon de la musique noire américaine
Par Joël Morio
A défaut d’analyser les recettes des plus grands hits de hip-hop, soul ou pop, Joël Carvalho dresse le portrait de chanteurs et producteurs américains (sur France Ô à 20 h 50).
Céline Dion et Quincy Jones | Kevin Mazur
Quelles sont les recettes pour faire d’une chanson un succès ? Le documentaire de Joël Carvalho, plutôt que d’apporter une réponse à cette question, compose un inventaire des grands noms de la musique noire américaine de ces soixante dernières années. De Berry Gordy à Pharrell Williams en passant par Quincy Jones, Stevie Wonder, Prince, Dr. Dre ou Timbaland, il dresse le portrait de ces chanteurs ou producteurs qui ont su écouler des millions d’exemplaires de leurs créations.
On demeure sur sa faim quant aux ingrédients qui permettent de réaliser un tube dans des genres aussi différents que le hip-hop, la soul, la pop, le rock ou l’électro. Il est vrai qu’ils sont assez complexes à déterminer. On aurait pu néanmoins espérer un décryptage un peu plus fin de ce qui constitue un titre capable de grimper au sommet des hit-parades. On surfe sur l’écume des choses, et cette succession de portraits – plus ou moins réussis – est compilée sans fil rouge. Certains journalistes français interrogés dans le documentaire permettent toutefois d’apporter des éclairages ou des analyses intéressants à défaut d’être originaux.
Il aurait sans doute été préférable de se limiter à décortiquer réellement les recettes de quelques personnalités comme Berry Gordy, Quincy Jones, Nile Rodgers ou plus récemment Pharrell Williams et Rodney Jerkins, qui ont fourni des tubes pendant plusieurs décennies. Ainsi, la carrière de Nile Rodgers, propulsé à ses débuts pape du disco avec son groupe, Chic, et qui devient par la suite le producteur à succès de chanteurs aussi différents que David Bowie, Duran Duran ou… Sheila, est seulement survolée. De la même façon, on aurait aimé en savoir un peu plus sur la méthode industrielle avec laquelle Berry Gordy fabriquait à la chaîne ses hits.
Parfois caricatural ou inexact sur certains détails, le documentaire avec de larges extraits des tubes restés dans nos têtes est malgré tout un divertissement agréable à regarder. En parcourant plus d’un demi-siècle de l’histoire de la musique noire américaine, il permet de retrouver des airs qui ont fait danser plusieurs générations.
Les Hitmakers, les faiseurs de tubes, de Joël Carvalho (France, 2014, 90 minutes).