StayHome, la start-up qui vient au secours des propriétaires surendettés
StayHome, la start-up qui vient au secours des propriétaires surendettés
Par Tessa Clara Walther
La start-up, qui évite la saisie immobilière aux particuliers tombés dans le piège du surendettement, fête ses cinq ans ce mois-ci.
Un immeuble de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 6 mars 2015. | DOMINIQUE FAGET / AFP
En 2015, plus de 215 000 ménages tombés dans le surendettement après une maladie, un divorce ou une perte d’emploi ont déposé un dossier auprès de la Banque de France, selon les derniers chiffres de l’institution, qui remontent au début de l’année 2016. Une bonne partie sont liés à des emprunts immobiliers. Dans certains cas, la situation tourne au drame : 15 000 logements sont ainsi saisis tous les ans à la suite d’incidents de paiement répétés.
C’est à ces foyers, parfois en grande détresse sociale, que StayHome vient en aide. Cette start-up créée en décembre 2010 par l’ancien banquier Patrick Drack et le promoteur Christian Lachaux offre aux investisseurs un placement solidaire qui permet aux propriétaires traversant une mauvaise passe de rester dans leur logement.
Le principe ? Le propriétaire surendetté vend temporairement son bien à un ou plusieurs investisseurs (pour l’essentiel, des particuliers aisés à la recherche de placements éthiques), pour environ 80 % de sa valeur marchande. L’argent ainsi acquis permet au ménage de rembourser sa dette auprès de la banque. Il dispose ensuite de cinq ans maximum pour racheter le logement auprès des investisseurs.
« Sortir de l’ornière »
Entre-temps, il paie à ces derniers un loyer annuel équivalent à 6,5 % du montant de la vente, et ce, pendant au moins un an. Exemple : pour un appartement vendu 100 000 euros, le ménage verse un loyer de 541,60 euros mensuel aux investisseurs, soit 6 500 euros par an. Une fois sorti de ses difficultés, le propriétaire est, si tout va bien, en mesure de contracter un nouveau prêt et de racheter le bien aux investisseurs – toujours pour le même prix.
Cinq ans après la création de StayHome, Patrick Drack et Christian Lachaux tirent un bilan positif : à ce jour, 85 % des 160 opérations traitées se sont soldées par un rachat du bien. Dans 75 % des cas, le rachat s’est fait après deux ou trois ans seulement, au lieu des cinq prévus. C’est « un placement rentable, sécurisé et éthique pour l’investisseur. En même temps, il permet aux familles de conserver leur bien immobilier et de sortir de l’ornière », a expliqué M. Drack sur BFM Business, le 1er décembre.
Son entreprise a été sollicitée par 8 000 propriétaires surendettés cette année. Mais les dossiers sont sélectionnés selon des critères stricts, afin de s’assurer de la solvabilité des particuliers candidats – c’est-à-dire qu’ils disposeront bien, une fois l’opération entamée, des revenus futurs qui leur permettront de contracter un nouveau prêt et racheter le bien aux investisseurs.
StayHome sélectionne également les investisseurs – il y en a déjà une centaine –, afin de s’assurer qu’aucun d’eux n’ait pour dessein de récupérer un appartement ou une maison à moindre coût. « Ceux qui sont à la recherche de propriétaires qui ne pourront jamais racheter leur bien, on leur dit : “Pas chez nous” », souligne M. Drack. Dans les années à venir, les fondateurs envisagent d’élargir leur modèle au financement de la fin de vie et de la retraite.