Présidentielle 2017 : ce que proposent les candidats de LaPrimaire.org
Présidentielle 2017 : ce que proposent les candidats de LaPrimaire.org
Par Les Décodeurs
Le scrutin visant à désigner un « candidat citoyen » pour la présidentielle se termine vendredi 30 décembre à 20 heures.
Les cinq finalistes de LaPrimaire.org, de gauche à droite : Michael Pettini, Roxane Revon, Charlotte Marchandise, Michel Bourgeois et Nicolas Bernabeu. | LaPrimaire.org
Le mois d’octobre aura vu la primaire écologiste, novembre la primaire de la droite et du centre, décembre… la primaire citoyenne. Le second tour de la plate-forme LaPrimaire.org, qui comptait le 29 décembre près de 120 000 participants, se termine vendredi 30 décembre à 20 heures. Cinq personnes, issues de la société civile ayant passé un premier tour en novembre par des votes sur Internet, sont en lice pour devenir le ou la « candidat(e) citoyen (ne) ». Chacun a signé une « charte du candidat » en huit points, prévoyant notamment la création d’un nouveau parti politique portant le projet alors présenté.
A quelques heures de la fermeture des votes, passage en revue des principales propositions de ces cinq candidats, en se concentrant sur les trois « priorités » qu’ils ont désignées. De manière générale – et peu étonnante dans la mesure où LaPrimaire.org s’est construite par opposition aux partis politiques traditionnels – tous proposent de revoir les institutions actuelles. Il est souvent question, parfois de manière très floue, de « modernisation » ou de « simplification », d’un système « plus humain » et deux d’entre eux proposent un revenu universel, proposition en vogue.
Nicolas Bernabeu, 31 ans
Ce médecin de 31 ans, originaire de Toulouse, travaille à l’Agence régionale de santé de Corse.
Ses priorités :
L’instauration d’une VIe République. Nicolas Bernabeu prône la rédaction d’une nouvelle Constitution, écrite dans le cadre d’« ateliers constituants » et suggère des éléments pouvant être débattus tels que le référendum d’initiative citoyenne (quand une proposition est signée par 3 % de la population électorale), la suppression du Sénat (remplacé par une « agora de citoyens tirés au sort »), l’introduction d’une dose de proportionnelle à l’Assemblée nationale (100 députés élus ainsi) ou encore la reconnaissance du vote blanc dans les suffrages exprimés (nouvelle élection s’il est majoritaire).
L’instauration d’un « revenu citoyen universel » (RCU). Destiné à permettre à tout citoyen de « subvenir à ses besoins élémentaires », le RCU assurerait un socle de 850 euros par mois (versé en « monnaie complémentaire »), un montant bonifié à 1 200 euros minimum pour les personnes en incapacité de travailler ainsi que les retraités, avec suppléments pour les parents de jeunes enfants. Pour le financer, Nicolas Bernabeu propose une taxe de 25 % sur la « valeur ajoutée brute » (compensée pour les citoyens et les entreprises par une augmentation de 15 % des salaires et la suppression des cotisations salariales et patronales)… et la suppression des organismes chargés du prélèvement et de la distribution des prestations sociales (sécurité sociale, Unedic, Urssaf), qui seraient rendus inutiles du fait du RCU. Une partie redistributive serait maintenue pour les soins de plus de 300 euros ainsi que pour les parents de jeunes enfants, les personnes en situation de handicap ou encore les retraités.
L’emploi et les retraites. Nicolas Bernabeu assure ni plus ni moins que ses propositions « éradiqueront le chômage de masse », avec le « développement de contrats de travail à temps partiel sans perte de pouvoir d’achat » (grâce au revenu universel) et le versement du RCU retraite à partir de 62 ans. Il souhaite « simplifier les démarches administratives » lors de la création d’une entreprise et alléger la fiscalité.
» Voir toutes les propositions de Nicolas Bernabeu.
Charlotte Marchandise, 42 ans
Professeure de français, guide touristique, gérante d’un bar culturel, infographiste, responsable web-marketing, cofondatrice bénévole d’un collège laïque (fermé depuis) basé sur la méthode Montessori… Charlotte Marchandise a occupé différents emplois. Adjointe déléguée à la santé à la mairie de Rennes depuis mars 2014, élue en tant que membre de la société civile sur une liste avec des écologistes et des militants du Front de gauche, elle a été désignée en septembre 2014 à la présidence du réseau français des villes-santé de l’Organisation mondiale de la santé. Elle continue en parallèle son métier de consultante-formatrice, spécialisée dans la thématique des inégalités sociales de santé.
Ses priorités :
Une nouvelle Constitution. Charlotte Marchandise souhaite une rédaction collaborative, pendant deux ans, impliquant « tous les habitants » et aboutissant à une « assemblée délibérative composée de citoyens tirés au sort ». Elle souhaite que le statut de l’élu soit « réinventé », que le nombre de mandats soit limité et la lutte contre la corruption et les conflits d’intérêts renforcée.
L’instauration d’un revenu de base universel. Destiné à lutter contre les inégalités, ce revenu serait versé en partie en monnaie complémentaire. Charlotte Marchandise ne prône pas de montant, mentionnant une échelle allant de 400 à 1 200 euros. Son financement est rapidement éludé, se limitant à une « réforme fiscale profonde » incluant la « lutte contre l’optimisation fiscale opérée par les multinationales » et contre l’évasion fiscale.
Accélérer la transition énergétique, écologique et économique. Charlotte Marchandise propose de suivre les dix mesures du manifeste Négawatt, qui prévoit un objectif d’énergies 100 % renouvelables à l’horizon 2050. Cela inclut la création d’une haute autorité indépendante de la transition énergétique, le soutien aux rénovations énergétiques des bâtiments anciens ou encore la sortie progressive du nucléaire et le soutien aux énergies renouvelables, reconnues d’intérêt général.
» Voir toutes les propositions de Charlotte Marchandise
Michael Pettini, 42 ans
Médecin généraliste, il travaille dans le Lot-et-Garonne depuis dix ans.
Ses priorités :
L’amélioration du système de santé et la lutte contre le chômage. Ces deux thématiques sont traitées à travers un catalogue de mesures, dont des mesures financièrement incitatives pour mettre fin aux déserts médicaux, la fusion du régime social des indépendants et de la Caisse primaire d’assurance maladie, la fusion de toutes les aides sociales sous une aide unique (« complément ressource universel ») ou encore l’allégement des cotisations des petites et moyennes entreprises.
L’instauration d’une VIe République. Michael Pettini propose un Parlement de 200 élus (2 par département… qu’il veut supprimer par ailleurs) et de 200 citoyens tirés au sort, la fusion du Sénat et du Conseil constitutionnel en une « chambre constitutionnelle » de 100 « grands sages » (à la désignation non précisée) ou encore un mandat unique de sept ans non renouvelable pour tous les élus.
La simplification de l’administration. Michael Pettini souhaite à la fois « réorienter l’activité administrative vers l’humain » et davantage de numérisation, par des sites Internet centralisant de multiples démarches (renouvellement de papiers d’identité, changements d’adresse). Il veut rendre les contrats des fonctionnaires « plus souples », sans plus de précision, et supprimer des postes d’agents publics, sauf dans les domaines de la police, de la justice, des impôts et des douanes.
» Voir toutes les propositions de Michael Pettini.
Roxane Revon, 30 ans
Originaire de Provence, Roxane Revon a étudié la philosophie et a été professeure et metteuse en scène.
Ses priorités :
Moderniser et moraliser les institutions politiques françaises. A cet effet, Roxane Revon souhaite organiser un grand référendum à choix multiples portant sur l’obligation d’un casier judiciaire vierge pour être élu, la réduction du nombre de mandat et la suppression de l’avantage des anciens présidents. Le vote électronique, la proportionnelle aux législatives et une réforme de la Constitution sont également au programme.
Favoriser l’autonomie du citoyen par l’éducation et la culture. Roxane Revon veut que les artistes créent « en dehors des subventions » et « dans un délai plus court ». Plus globalement, elle veut « simplifier l’administration culturelle ». Mais elle veut aussi offrir à tous les Européens majeurs un pass bus ou train pour voyager gratuitement pendant un mois et favoriser les versions originales sous-titrées à la télévision plutôt que le doublage « qui freine les capacités linguistiques ». Côté éducation, Mme Revon souhaite accorder plus de liberté et de confiance aux enseignants en réduisant la part de l’administration et souhaite adapter la formation des professeurs à l’hétérogénéité des niveaux qu’ils rencontrent. La candidate souhaite également que les enseignants passent plus de temps à l’école (contre une valorisation salariale) et que les établissements scolaires s’ouvrent à la fois aux familles et aux « pratiques pédagogiques innovantes ».
Reconstruire une Union européenne plus sociale. Roxane Revon veut remplacer le Traité de Lisbonne par une « Constitution citoyenne » afin de simplifier les institutions. Cette réforme s’appuierait notamment sur un premier ministre et un gouvernement élus par le Parlement, lui-même élu de manière transnationale. Elle souhaite aussi cesser d’élargir l’Union européenne et instaurer plusieurs cercles de décision (pays fondateurs et les autres). Le budget serait augmenté de 15 % à 20 % du PIB collectif (contre 1 % actuellement) et des obligations européennes lancées sur les marchés pour financer l’UE (à l’image des bons du Trésor américains par exemple). Ces ressources permettraient de mettre en place un corps de gardes-frontières, une police fédérale, une cour pénale, un revenu minimum ou encore un système de sécurité universelle européens.
» Voir toutes les propositions de Roxane Revon
Michel Bourgeois, 59 ans
Michel Bourgeois est un avocat spécialisé dans le droit pénal international.
Ses priorités :
Donner un avenir au peuple de France. La première priorité de Michel Bourgeois est de relancer le pays, aussi bien économiquement que socialement. Son programme contient à cet effet de nombreuses mesures écologiques (agriculture biologique, permaculture, végétalisation de la ville) ainsi que des mesures économiques (soutien aux TPE et aux monnaies locales, par exemple).
Eriger l’éthique en valeur républicaine. La formule est pour le moins vague, mais le programme de Michel Bourgeois contient plusieurs mesures destinées à réformer les institutions politiques françaises. Vote obligatoire, prestation de serment pour tous les élus, réduction du nombre de parlementaires, proportionnelle aux législatives, comptabilisation du vote blanc ou encore suppression du Conseil économique, social et environnemental sont au programme.
Mettre l’Etat au service des citoyens. La troisième priorité de Michel Bourgeois est là aussi pleine d’intentions mais reste assez floue. Plusieurs propositions de son programme peuvent toutefois se ranger derrière cette injonction, telles que le référendum d’initiative populaire, une assemblée consultative de citoyens volontaires tirés au sort pour faire des propositions concrètes, ou encore l’instauration de la notion d’urgence sociale dans la Constitution (dont la définition n’est pas apportée).