TV : « Prodiges » sous la baguette d’Ariane Matiakh
TV : « Prodiges » sous la baguette d’Ariane Matiakh
Par Christine Rousseau
Notre choix du soir. La jeune chef orchestre ce soir, pour la dernière fois, la finale du « talent show » consacré à la musique classique (sur France 2 à 20 h 50).
Marin joue « Concerto pour clarinette en La Majeur » - Prodiges 3
Durée : 03:14
Pour ce nouvel opus de « Prodiges », Marin (15 ans), clarinettiste haut comme trois pommes mais bourré de talent, Lucile, dont la voix fait mentir ses 12 ans, Clara, 12 ans également, petit rat à l’Opéra de Paris, ainsi que les six autres finalistes, sous le regard de la piquante Marianne James, tenteront d’obtenir les faveurs du jury composé de la mezzo soprano Elizabeth Vidal, du danseur étoile Patrick Dupond et du violoncelliste Gautier Capuçon. Leur objectif, outre le titre de « Prodige 2016 », décrocher une bourse de 10 000 euros leur permettant de poursuivre leur rêve de chanteur, d’instrumentiste ou de danseur. Pour y parvenir, ils seront accompagnés par l’Orchestre national des Pays de la Loire, dirigé pour l’occasion par la discrète et chaleureuse Ariane Matiakh.
Ariane Matiakh et Sacha (13 ans) | Lou breton/Shinefrance
Après trois saisons à conseiller, guider et entourer les jeunes prodiges afin de les mettre au diapason d’un orchestre symphonique, la jeune chef va céder sa place pour se consacrer pleinement à sa carrière. Heureuse d’avoir participé à une émission qui « permet de diffuser la musique classique dans tous les foyers », Ariane Matiakh est également ravie d’avoir pu propager l’image d’une femme à la direction d’orchestre. « Contrairement aux pays nordiques et à l’Allemagne, où je travaille souvent, en France, nous sommes encore très en retard. Du reste, quand la proposition m’a été faite de collaborer à l’émission, je venais de participer à plusieurs colloques sur cette question. C’était donc une belle occasion de mettre en lumière cette autre réalité du monde des chefs d’orchestre. Je pense que les enfants qui ont vu “Prodiges” ne seront plus jamais étonnés de voir une femme diriger ! »
« Motivation et bienveillance »
En outre, après les concerts pédagogiques qu’elle a conduits à Montpellier, cela lui a permis de renouer avec un travail de transmission auprès de jeunes qu’elle a appréhendés comme des professionnels. « Lors de la semaine intense de répétition, j’ai ressenti de la motivation et de la bienveillance de la part des musiciens avec, à chaque fois, le désir de tirer les enfants vers le haut. » Tout en tentant de leur faire oublier les caméras, les lumières et les impératifs télévisuels d’un grand show. « Avec les membres de l’orchestre, nous avons essayé de garder la plus grande place possible à ce pourquoi ils sont là : la musique », confie Ariane Matiakh, qui ne cache pas avoir dû parfois batailler avec la production sur le choix des morceaux et des coupes à opérer. « Le plus important était de trouver le bon équilibre entre les exigences de la télévision et nos propres exigences qui sont énormes car, la musique classique, c’est l’école de la perfection. »
Lucile chante Les Noces de Figaro, « L’ho perduta, me meschina » - Prodiges 3
Durée : 01:54
De même regrette-t-elle, pour des raisons de mise en scène, parfois, le manque de proximitéavec les jeunes solistes : « Les grands professionnels aussi ont besoin de voir et de respirer avec le chef, afin de jouer en harmonie avec l’orchestre. » Malgré ces points, qu’elle laisse le soin à son successeur d’améliorer, Ariane Matiakh se dit heureuse d’avoir vécu cette aventure télévisuelle qui permet de « moderniser l’image de la musique classique » et d’augmenter la fréquentation des conservatoires, fragilisés dans leur existence par la baisse de subventions.
Magie de l’ubiquité télévisuelle, quand sera désigné le successeur du jeune danseur Melvin Lawovi, lauréat de la saison 2, Ariane Matiakh sera à Dresde, où elle va diriger avec le philharmonique le concert du Nouvel An, avant la sortie le 15 février de son nouvel album, consacré à la compositrice russe « trop méconnue » Zara Levina.