Pourquoi Paris connaît-il un nouveau pic de pollution ?
Pourquoi Paris connaît-il un nouveau pic de pollution ?
Par Laetitia Van Eeckhout
Un anticyclone s’est installé sur le pays, favorisant l’accumulation des polluants près du sol dans les agglomérations. Mais il se révèle moins dense et moins stable que celui du début du mois.
L’Arc de triomphe, à Paris, le 29 décembre 2016, lors d’un nouvel épisode de pollution. | LIONEL BONAVENTURE / AFP
L’agglomération parisienne est à nouveau plongée dans un smog de pollution vendredi 30 décembre. Selon Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air en Ile-de-France, la concentration en particules fines PM10 (dont le diamètre est inférieur à 10 microns) devrait dépasser le seuil d’alerte (fixé à 80 microgrammes par mètre cube, µg/m3) et pourrait atteindre 90 µg/m3.
Bordeaux et Bayonne, en Aquitaine, une bonne partie de la région Occitanie, dont notamment Toulouse, Montauban, Tarbes et Lourdes, et la vallée de l’Arve en Auvergne-Rhône-Alpes sont également touchés.
Des polluants piégés au sol
Selon les météorologues, un nouvel anticyclone s’est installé sur tout le pays, favorisant dans les agglomérations l’accumulation des polluants au sol. Il y a très peu de vent, l’atmosphère est très stable. Surtout, l’air au sol se refroidit beaucoup plus vite que celui en altitude, le soleil n’étant pas suffisant pour réchauffer le sol, ce qu’on appelle le phénomène d’inversion des températures. Les polluants, comme piégés sous un couvercle, ne peuvent plus se disperser.
Comme lors de l’épisode de pollution du début du mois de décembre, ils peuvent d’autant moins se disperser qu’ils sont confinés dans une couche très mince au-dessus du sol. « En agglomération parisienne, la couche limite d’inversion de températures ne devrait pas être à plus de 100 mètres au-dessus du sol ce vendredi », souligne Christelle Robert, prévisionniste de Météo France. En temps normal, lorsqu’il se produit un phénomène d’inversion de températures, la couche limite d’inversion se situe à 1 500 mètres au-dessus du sol.
Trafic routier et du chauffage au bois
Jeudi, alors que le seuil d’information (fixé à 50 µg/m3) était déjà dépassé, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a réclamé que soit à nouveau mise en place la circulation alternée. Si les Parisiens n’ayant pas pris la route des vacances ont échappé à cette contrainte, le préfet de police de Paris, Michel Cadot, a néanmoins pris une série de mesures pour faire face au nouvel épisode de pollution.
Vendredi, la vitesse est ainsi réduite de 20 km/h sur toutes les portions d’autoroute, voies rapides, routes nationales et départementales d’Ile-de-France. Le contournement par la Francilienne des véhicules poids lourd en transit est obligatoire, ainsi que la réduction des émissions des établissements industriels. La préfecture recommande aussi de limiter, dans la mesure du possible, les déplacements en voiture et de privilégier le covoiturage.
Enfin, elle a interdit l’utilisation du chauffage individuel au bois, d’appoint ou d’agrément. « L’absence de vent renforce l’accumulation des particules. Elles sont émises non seulement par le trafic, qui demeure conséquent sur les grands axes bien que moins important du fait des vacances, mais aussi par le chauffage, d’autant plus utilisé qu’il fait froid », rappelle Karine Léger d’Airparif. Et de souligner : « La pollution actuelle est due pour moitié aux émissions des véhicules et pour moitié au chauffage au bois, mode de chauffage fortement émetteur de particules quand le foyer est ouvert. »
Un pic moins intense que le précédent
« Ces mesures ne devraient toutefois pas suffire à endiguer ce nouveau pic de pollution », estime dans un communiqué publié jeudi en fin d’après-midi la Ville de Paris qui a, pour sa part, prolongé la gratuité du stationnement résidentiel, instaurée dès jeudi, et décidé de mettre en œuvre vendredi la gratuité des services Vélib' et Autolib' pour les nouveaux usagers à la journée.
Ce nouveau pic de pollution est cependant moins intense et devrait être de plus courte durée que l’épisode du début de décembre, qui s’était étalé sur plus de deux semaines et avait entraîné un niveau record sur ces dix dernières années de la concentration en particules fines. Un maximum de 146 µg/m3 avait en effet été enregistré. « Les conditions anticycloniques étaient alors très persistantes et les polluants s’accumulaient de jour en jour, explique Christelle Robert de Météo France. L’anticyclone actuel se révèle beaucoup moins stable. Dimanche une perturbation devrait ainsi s’annoncer par le nord-ouest, qui lundi devrait traverser et nettoyer le pays. Mardi, on pourrait repartir à nouveau sur un temps sec avant le passage trois jours plus tard d’une nouvelle perturbation et le retour d’un peu de vent. »
Dans son communiqué publié jeudi, la préfecture de police de Paris appelle les automobilistes à faire l’acquisition du certificat qualité de l’air « Crit’Air ». Lors des prochains pics de pollution, elle s’appuiera sur ces macarons de couleur témoignant du niveau de propreté des véhicules, comme le prévoit le nouvel arrêté interpréfectoral qui entrera en vigueur le 1er janvier 2017. Les Crit’Air seront obligatoires pour circuler dans Paris à compter du 15 janvier, la capitale devenant une zone de circulation restreinte. Dès lors, tout automobiliste dont le véhicule est interdit de circulation, parce que trop polluant, sera verbalisé.