François Hollande à Bagdad et à Erbil pour affirmer le soutien de la France aux autorités irakiennes
François Hollande à Bagdad et à Erbil pour affirmer le soutien de la France aux autorités irakiennes
Par Marc Semo (Bagdad, Erbil (Irak), envoyé spécial)
Le président français s’est rendu à une vingtaine de kilomètres de Mossoul, annonçant que la reconquête de la « capitale » autoproclamée de l’EI était « une question de semaines ».
Le président du gouvernement régional du Kurdistan autonome, Massoud Barzani, et le président français, François Hollande, à Erbil, le 2 janvier. | SAFIN HAMED/AFP
En septembre 2014, alors que les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) étaient aux portes de Bagdad et de Mossoul, François Hollande avait été le premier chef d’Etat occidental à se rendre dans la capitale irakienne et dans celle de la région kurde, peu après le début de l’intervention de la coalition internationale. Aujourd’hui, l’EI est en retrait sur tous les fronts, et Mossoul, la grande ville du Nord, la capitale de son « califat » autoproclamé, est assiégée par les forces irakiennes et kurdes aidées par l’aviation de la coalition.
Cette fois, le président français s’est même rendu jusqu’à un poste avancé sur une ligne de crête surplombant la plaine de Ninive, à une vingtaine de kilomètres à peine de Mossoul, que l’on aperçoit dans le lointain. « La bataille de Mossoul est en train d’être gagnée, c’est une question de semaines et le plus tôt sera le mieux », avait affirmé peu avant François Hollande lors d’une conférence de presse commune avec le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, qui clame : « Nous sommes en train de couper la tête au serpent. »
La visite du président français, lundi 2 janvier, à Bagdad et à Erbil, vise avant tout à affirmer le soutien de Paris aux autorités irakiennes, aussi bien au président Fouad Massoum, kurde, qu’au premier ministre, chiite, et au président du Parlement, Salim Al-Jobouri, sunnite. A Erbil, il a aussi rencontré le président du gouvernement régional du Kurdistan autonome, Massoud Barzani.
« Appui, conseil et intervention »
La victoire contre l’EI ne sera durable que si l’Irak arrive à mettre sur pied réellement une gouvernance inclusive respectant toute la mosaïque ethnique et confessionnelle du pays. Mais, dans l’immédiat, la lutte contre le djihadisme reste la priorité. « Agir contre le terrorisme en Irak, c’est prévenir des actes terroristes sur notre propre sol, a expliqué François Hollande. Dans le cadre de la coalition, nous aidons les forces irakiennes par l’appui, le conseil, l’intervention. »
L’opération « Chammal », lancée en septembre 2014, mobilise aujourd’hui quelque 1 200 militaires. L’aviation a mené depuis le début plus de 1 000 frappes, détruisant plus de 1 700 objectifs en Irak et en Syrie. Celles-ci représentent autour de 5 % de l’ensemble des bombardements menés pour l’essentiel par l’US Air Force.
L’artillerie est également présente, avec quatre canons Caesar longue portée déployés près de Mossoul. Enfin, la task force Narvik, une quarantaine de soldats, forme et conseille, aux côtés des Américains et d’autres pays de l’OTAN, les unités d’élite irakiennes de l’Iraqi Counter Terrorism Service, qui sont engagées en première ligne à Mossoul. Tandis que les forces spéciales françaises sont aussi déployées sur le terrain.
« Nous ne voulons pas laisser des îlots de résistance »
C’est une bataille difficile. « Le combat en zone urbaine prend du temps, d’autant que nous voulons prendre en compte la population civile, et la progression est lente, car nous ne voulons pas laisser des îlots de résistance derrière », explique le capitaine Niels, l’un des formateurs. « Les djihadistes prennent la population civile comme des boucliers humains et nous ne rasons pas tout comme à Alep », renchérit un officier supérieur.
C’est une volonté de ménager l’avenir alors même que l’équation de Mossoul reste toujours plus complexe. Les autorités irakiennes n’en attendent pas moins le soutien de la France comme des autres pays occidentaux pour la reconstruction. Mais l’urgence reste la lutte contre le terrorisme : les djihadistes, dont de nombreux combattants étrangers et une soixantaine de Français, restent retranchés dans la ville.
« Nous ferons en sorte qu’ils soient mis hors d’état de nuire ; s’ils sont pris par les Irakiens, ils seront condamnés par la justice irakienne, et s’ils reviennent, par la justice française », a expliqué François Hollande, tout en rappelant que certains sont venus en famille rejoindre l’EI. A leur retour en France, les enfants « embrigadés » suivront des programmes de déradicalisation.