Même les meilleures choses ont une fin. Après quinze mois de baisse spectaculaire, les taux des crédits immobiliers ont repris depuis un mois le chemin de la hausse. Les banques prêtent actuellement en moyenne à 1,60 % sur vingt ans, soit 0,10 point de plus que fin novembre 2016, d’après Meilleurtaux.com. La hausse reste certes très limitée, mais elle marque la fin de la période bénie du crédit de moins en moins cher pour les candidats à l’acquisition immobilière.

« Les banques nous envoient progressivement leurs nouveaux barèmes. On devrait atteindre 1,70 % en moyenne sur vingt ans d’ici une quinzaine de jours », précise Maël Bernier, porte-parole du courtier en ligne.

En cause, l’OAT 10 ans, l’emprunt d’Etat servant de référence aux banques pour fixer le taux de leurs crédits immobiliers, qui est brutalement passé de 0,30 % fin octobre à 0,80 % fin novembre. « Les banques révisent leur barème à la hausse mais l’augmentation n’est pas uniforme : elle varie de 0,05 point à 0,20 point selon les durées du crédit et le profil de l’emprunteur », précise Sandrine Allonier, directrice des relations banques du courtier Vousfinancer.

Marché immobilier en forme

Les taux des crédits immobiliers restent très bas malgré l’inversion de la tendance. Pour mémoire, les banques prêtaient en moyenne à 2,40 % en janvier 2016 d’après MeilleurTaux.com. Cette très forte diminution et le passage sous le seuil symbolique des 2 % au printemps ont d’ailleurs dopé le marché immobilier. Le réseau Century 21 annonce ainsi 15,6 % de transactions supplémentaires l’an dernier, d’autant plus que les prix de la pierre ont connu une hausse modérée.

« La baisse des taux des crédits a été le principal moteur du dynamisme du marché l’an dernier. Les acheteurs ont compris qu’il fallait profiter des taux exceptionnellement bas », confirme Sébastien de Lafond, président de Meilleursagents.

Pour les primo-accédants notamment, l’économie est substantielle : le coût total d’un crédit de 200 000 euros sur vingt ans est passé de 52 021 euros en janvier 2016 pour un crédit à 2,40 % à 33 836 euros en janvier 2017 à 1,60 % d’après Meilleurtaux.com. Soit une économie de 18 185 euros, pour une mensualité passée de 1 050 euros à 974 euros.

Si les banques ont dopé le marché ces derniers mois en prêtant à des taux très attractifs, la récente remontée, si modeste soit-elle, pose question – une envolée rapide des taux des crédits pouvant gripper la dynamique. « Les banques ont des objectifs de production de crédit ambitieux pour 2017. Elles savent qu’elles doivent limiter les hausses de taux pour les tenir, en particulier dans une année électorale », relativise Mme Bernier.

Le scrutin présidentiel crée traditionnellement un attentisme chez les acheteurs, qui préfèrent patienter jusqu’à l’issue de l’élection et les premières mesures concernant le logement pour se décider. « Les élections vont certes brider le marché, mais il devrait rester robuste dans un contexte de hausse modérée des taux des crédits », analyse M. de Lafond.

L’arrêt du prêt à taux zéro

Car emprunter restera bon marché d’un point de vue historique. « Nous anticipons une remontée des taux des crédits comprise entre 0,30 point et 0,50 point dans le courant de l’année 2017, soit des taux compris entre 1,80 % et 2 % sur vingt ans », confirme Mme Allonier. Un niveau raisonnable mais qui se traduira forcément par une baisse de pouvoir d’achat pour les emprunteurs : une hausse de 0,50 point d’un taux à 1,50 % renchérit le coût total du crédit de 11 202 euros pour un emprunt de 200 000 euros sur vingt ans d’après VousFinancer. De quoi acheter quelques mètres carrés de moins. Ou tout simplement de ne plus obtenir de crédit pour ceux ayant un budget serré.

Les primo-accédants devraient cependant continuer à acheter dans les prochains mois afin de bénéficier du dispositif de prêt à taux zéro de l’Etat (PTZ), dont l’extinction est programmée au 31 décembre 2017.

Par ailleurs, à l’annonce des premières remontées de taux, certains ont accéléré leur recherche d’appartement ou de maison pour profiter des conditions financières actuelles ou ont cherché à renégocier leur crédit. Conséquence, les délais de traitement des dossiers par les banques s’allongent.