Michèle Alliot-Marie et Henri Guaino : au nom du gaullisme
Michèle Alliot-Marie et Henri Guaino : au nom du gaullisme
M le magazine du Monde
La députée européenne et le député des Yvelines se sont directement présentés à l’élection présidentielle, sans passer par la case primaire, remportée par François Fillon.
Michèle Alliot-Marie et Henri Guaino. | Vincent Isore/IP3 press. Stephane Audras / REA
Michèle Alliot-Marie
Antiprimaire par principe Michèle Alliot-Marie a d’abord entretenu le mystère sur sa participation à la primaire de la droite et du centre. Puis elle y a renoncé, arguant que l’esprit de la Ve République est la rencontre d’un homme (ou d’une femme) et d’un peuple. Elle s’est donc présentée directement à la présidentielle en décembre.
Chiraquo-gaulliste On lui prédit à droite des difficultés dans la quête des 500 signatures. Mais cette figure de la Chiraquie estime que le positionnement de François Fillon laisse un espace à sa candidature, qui se revendique de l’héritage gaulliste : « On ne peut marginaliser le rôle de l’État au nom de la théorie libérale. »
Trente ans de scène « MAM » s’appuie sur un CV de professionnelle : maire de Saint-Jean-de-Luz, présidente du RPR, députée, maintes fois secrétaire d’État ou ministre. Elle est la seule femme à avoir occupé tous les ministères régaliens. Battue aux législatives en 2012, elle n’est « plus que » députée européenne.
Ex-ministre amère En 2011, elle s’est pris les pieds dans le tapis d’un scandale. Épinglée pour avoir profité en vacances du jet privé d’un ami du dictateur tunisien Ben Ali, fin 2010, elle a été poussée à la démission du gouvernement Fillon. L’affaire a sévèrement écorné son image, mais, en avril 2016, à 69 ans, elle annonce la création de son mouvement, la Nouvelle France.
Henri Guaino
Antiprimaire par dépit Henri Guaino, lui, a dû renoncer à la primaire, faute de parrainages. Contre « l’échec du régime des partis », il a annoncé sa candidature directe dès septembre, et vient d’écrire aux maires pour obtenir les 500 signatures nécessaires.
Séguino-gaulliste Plus tonitruant, il s’est aussi choisi François Fillon comme cible préférée, dénonçant son programme de « casse sociale ». Cet ex-séguiniste, gaulliste revendiqué, a comparé le candidat LR à la « vieille droite de Monsieur Pierre Laval en 1935 », qui prônait « la déflation plutôt que la dévaluation ».
Trente ans de coulisses Sa trajectoire politique s’est jouée dans l’ombre des cabinets. Collaborateur de Philippe Séguin puis de Charles Pasqua, il fait partie de ceux qui ont inspiré à Jacques Chirac le concept de « fracture sociale » en 1995. « Conseiller spécial » à l’Élysée pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, il est élu député pour la première fois en 2012, à 55 ans, dans les Yvelines.
Ex-plume acide Le quinquennat de Sarkozy a été son moment de gloire. Plume du président à la verve souvent grandiloquente, il est l’auteur de discours polémiques, tel celui de Dakar, en 2007, sur « l’homme africain » qui « n’est pas assez rentré dans l’histoire ». « J’ai cessé de faire profession de souffleur », dit-il aujourd’hui. Il n’est pas sûr qu’il y ait gagné en audience.