Dix initiatives pour favoriser la déconnexion des salariés
10 initiatives des entreprises pour favoriser la déconnexion de leurs salariés
Par Céline Mordant
Sur le droit à la déconnexion instauré par la loi travail depuis le 1er janvier, les entreprises n’en sont encore qu’aux premiers pas.
Extrait de la série "Sur-Fake" (2015). | Antoine Geiger
Depuis le 1er janvier, la déconnexion est devenue, en théorie, un droit pour les salariés. La loi travail oblige en effet les entreprises de plus de 50 salariés à ouvrir des négociations sur le droit à la déconnexion, c’est-à-dire le droit de ne pas répondre à ses courriels ou messages professionnels en dehors du temps de travail. Elle n’instaure toutefois aucune obligation d’accord, ni aucun délai pour négocier.
Objectif de cette loi : amener les entreprises à s’emparer du problème déjà ancien de l’inflation démesurée des mails professionnels, de leur impact sur la vie privée de leurs salariés et du risque juridique lié à la connexion permanente, des salariés pouvant utiliser des mails pour témoigner, aux prud’hommes, d’horaires de travails indus ou du non respect du temps de repos obligatoire.
Jusqu’à présent, peu de mesures contraignantes ont été mises en place par les grands groupes, mais beaucoup ont commencé à instaurer des chartes de bonnes pratiques, incitant notamment les managers à ne pas envoyer de messages en dehors des heures de bureau, sauf en cas d’urgence. Chez Engie par exemple, une phrase est ajoutée en bas de chaque mail : « Mon mail n’appelle pas de réponse immédiate ». Tour d’horizon de mesures qui ont déjà été prises pour préserver le temps de repos des salariés (11 heures minimum entre deux journées de travail).
- Le blocage des serveurs le soir et le week-end. C’est ce qu’a mis en place le constructeur d’automobiles allemand Volkswagen de 18 h 15 à 7 heures et le week-end pour 1 000 salariés (hors managers) en Allemagne en 2011. Aujourd’hui, 3 000 salariés ne peuvent plus recevoir de mails professionnels sur leur smartphone en dehors des heures de bureau. En France, le groupe bancaire BPCE envisage une mesure identique. Mais dans l’ensemble, cette mesure n’a pas fait trop d’émules en Europe : selon la CFE-CGC et l’Ugict-CGT, moins de 1 % des entreprises ont eu recours à des solutions technologiques contraignantes.
- L’instauration de moments de silence. Le groupe d’électronique Intel a incité 300 salariés à couper mails et téléphone le mardi matin et à installer un panneau « do not disturb » à la porte de leurs bureaux.
- La mise en vacances des boîtes mails. Le groupe allemand Daimler a développé le programme « Mail on Holiday » pour ses salariés qui choisissent l’effacement automatique des messages reçus durant leurs congés. L’expéditeur est informé de l’absence du salarié, de l’effacement de son courriel et de l’adresse d’un autre salarié qui pourra répondre à sa demande.
- Le travail à la maison reconnu. Le constructeur allemand d’automobiles BMW permet à ses salariés d’inscrire eux-mêmes leurs heures effectuées en dehors du bureau (à gérer les mails par exemple) sur leur compte épargne-temps, via intranet. Par ailleurs, ils peuvent définir avec leur supérieur des temps où ils sont joignables et injoignables.
- L’envoi différé des mails. Un tel module permet aux salariés de continuer à gérer leurs mails le soir s’ils le souhaitent mais leur offre la possibilité de différer leur envoi facilement pour ne pas déranger leurs collègues grâce à un système d’envoi automatique de leur courrier à l’aube le lendemain.
- Des journées sans mails. C’est ce qui a, par exemple, été mis en place par le site PriceMinister Rakuten en France pour sensibiliser ses salariés. Des pauses aux vertus pédagogiques…
- La suppression de la fonction « répondre à tous ». Le cabinet américain Nielsen aurait envisagé cette solution radicale pour lutter contre l’inflation exponentielle et contre-productive des mails. En octobre 2015, le « reply-to-all » aurait créé en quelques heures plus de 38 millions de mails lors d’un échange au sein du groupe Atos.
- Des messages déculpabilisateurs. Plusieurs grands groupes ont fait ajouter en bas des mails des phrases dissuasives du type « Mon mail n’appelle pas de réponse immédiate ».
- Des messageries alternatives, comme cela a été tenté chez Atos, qui voulait bannir les mails en interne en proposant aux salariés de communiquer par le biais d’un réseau social BlueKiwi.
- Et... des salles de sieste dans les entreprises, pour déconnecter avant même de quitter le boulot !