Du drone pêcheur au drone en cage, les nouveautés du CES de Las Vegas
Du drone pêcheur au drone en cage, les nouveautés du CES de Las Vegas
Par Jean-Michel Normand
C’est encore la foire du drone dans le Nevada. Le Consumer Electronics Show, qui s’est ouvert le 5 janvier, offre son lot de surprises et quelques audaces.
Une surface d’exposition inchangée, des absents de marque (comme le français Parrot, qui s’est fait porter pâle) et un leader mondial (DJI) avare en nouveautés. La moisson de drones de l’édition 2017 du Consumer Electronics Show (CES), grand rendez-vous international de l’électronique grand public, ne s’annonçait pas forcément sous les meilleurs auspices. C’était sans compter sur la capacité d’innovation des outsiders. Grâce à eux, le grand show de Las Vegas a généré son lot d’excentricités, de choix techniques audacieux et de quadricoptères anticonformistes. Sans oublier les drones à vocation professionelle qui, désormais, se font plus nombreux.
PowerRay, la pêche au drone
En 2016, c’est le drone géant de Ehang, capable d’embarquer une personne à son bord, qui avait pris la lumière. Cette année, c’est le PowerRay qui assure le spectacle. Conçu par le constructeur chinois PowerVision qui s’était déja illustré en concevant le PowerEgg, un drone-œuf, il s’agit d’un drone aquatique. Sa mission : jouer les poissons-pilotes pour les amateurs de pêche high-tech.
Dessiné comme un mini-sous-marin de recherche, le PowerRay est relié à son pilote par un câble (il peut s’éloigner jusqu’à 30 m) qui assure la transmission des images captées par sa caméra et, accessoirement, évite de le perdre dans les abîmes... Il remorque, grâce à un dispositif souple, le fil de la canne à pêche et part à la recherche du poisson qu’il pourra attirer en déposant l’appât au bon endroit mais aussi en éclairant les fonds (qu’il filme en 4K et photographie en 12 mégapixels) avec la double source lumineuse qu’il projette devant lui. Si la proie est ferrée, le fil se détachera et le pêcheur n’aura qu’à ramener sa prise avant de récupérer son drone.
Le PowerRay peut évoluer en mer, sous la glace et en étang (à condition que les eaux ne soient pas troubles), assurent ses concepteurs qui précisent que des lunettes de vision « en immersion » dite FPV (First Person View) sont disponibles. La commercialisation est attendue cette année à un tarif compris entre 2 000 et 3 000 euros, assure PowerVision. Ce qui fait tout de même cher la prise.
Reste à savoir si cette intriguante innovation, qui excite déja beaucoup les pêcheurs technophiles – les autres lèvent les yeux au ciel –, sera disponible plus rapidement que le PowerEgg que l’on attend toujours en Europe, un an après sa présentation.
Kestrel, une hybridation originale
Avec ses quatre hélices, le Kestrel dispose d’une autonomie de vol de deux heures. | AutelRobotics
En général, les drones à voilure fixe destinés à l’agriculture se présentent sous la forme de classiques ailes volantes. Le Kestrel de la société américaine Autel opte pour une technique pour le moins originale. Il se présente comme un petit avion (son envergure atteint 3,5 m) mais ses ailes portent chacune deux hélices, ce qui l’autorise à réaliser des décollages et des atterrissages verticaux tout en conservant de forts atouts aérodynamiques.
Le Kestrel, qui se destine à l’agriculture et à la surveillance des grands ouvrages (pipe-lines, travaux publics), peut embarquer 2,5 kilos de charge utile dans son nez et se maintenir deux heures en vol pour balayer 300 hectares.
Dobby (ZeroTech), drone de poche
Le Dobby, une fois replié, est à peine plus encombrant qu’un smartphone. | ZeroTech
Le concept du quadricoptère pliable toujours prêt à l’emploi, inauguré avec une certaine réussite par le Mavic de DJI (et beaucoup moins par l’éphémère Karma de GoPro), fait des petits au CES. Oublions le Vitus de Walkera, qui copie outrageusement le Mavic, pour s’intéresser au Dobby de Zerotech. Pas très esthétique, qu’il soit ou non replié, ses performances sont acceptables (photos en 13 mégapixels, vidéos en 1080 p) et il vole jusqu’à 20 m d’altitude.
Son poids de 199 g lui permet d’échapper à l’obligation d’immatriculation imposée aux Etats-Unis aux drones de plus de 250 g. Son prix devrait être tout juste inférieur à 400 euros.
Hercule, cocorico signé DroneVolt
La plate-forme Hercule vise, notamment, le marché de l’agriculture de précision. | DroneVolt
En l’absence de Parrot, Drone Volt se retrouve seul représentant français à Las Vegas. Cette très dynamique entreprise de Villepinte (Seine-Saint-Denis) occupe des créneaux très pointus mais rentables dans le secteur professionnel grâce aux multicoptères qu’elle met au moint elle-même. Sur son stand, se dévoile la nouvelle plate forme Hercule qui peut transporter 5 kg (quadridcoptère), 10 ou 20 kg (ces deux dernières versions étant des octocoptères).
Capables d’embarquer une caméra thermique ou de surveillance, ces drones sont tous équipés d’un lidar qui facilite leur navigation et leur permettra, demain, de procéder à des vols programmés. Ils se destinent largement au secteur agricole (épandage de précision grâce à un bras de 3 m de large) mais aussi à des tâches dans le bâtiment (traitement des mousses des toits).
DroneVolt vient de conclure un contrat pour effectuer avec un Hercule des travaux de peinture de précision sur les coques des cargos et ses appareils ont été adoptés par les responsables de réserves animalières en Afrique du Sud qui les équipent d’un fusil hypodermique pour anesthésier des animaux à soigner. DroneVolt réalise plus du tiers de son chiffre d’affaires à l’exportation, un pourcentage qui devrait progresser.
UFO, le bien nommé
Replié, l’UFO porte bien son nom. | MOLA
Le petit UFO de MOLA illustre une autre tendance à l’œuvre parmi les nouveaux drones : l’esthétique de la galette. Pliable (comme il se doit), ce joujou qui tient dans la main et se dirige à partir d’un smartphone, dispose d’une liaison GPS et se déplie en un tournemain. Capable de suivre les mouvements d’une cible mobile, il filme en 4K avec des images stabilisées grâce à une nacelle 3D et ne pèse que 300 g. Son prix aux Etats-Unis est de 400 dollars.
Cleo, mini-disque volant
Le drone-galette Cleo ne dépasse pas 92 mm de diamètre. | Cleo
Réalisé par la start-up canadienne Cleo, le drone éponyme présente une architecture surprenante. Il s’agit – encore – d’une galette dans laquelle tournent deux hélices installées en parallèle, parfaitement protégées à l’intérieur du carénage. Tout petit (92 mm de diamètre) mais doté d’une caméra (1080 p) alors qu’il n’affiche que 65 g sur la balance, Cleo est un charmant petit gadget que l’on pourrait presque oublier au fond de sa poche. Le prix de ce tour de force : 500 dollars.
Hover Camera Passport, le drone en cage
L’allure du Hover Camera Passport est assez déroutante. | JMN/Le Monde
Le Hover Camera ressemble à tout, sauf à un drone. De ses quatre hélices encagées dans une grille de fibre de carbone noire, ne se dégage aucune grâce. En vol, on se demande quel peut bien être cet objet gaufré qui bourdonne dans les airs. Imaginé par ZeroZero Robotics, facturé 599 euros, il ne peut s’éloigner de plus de 20 m du smartphone qui le dirige. A sa décharge, il faut préciser que le Hover Camera Passport filme en 4K, prend des photos en 13 mégapixels et que l’on peut lui aussi le déployer en moins de temps qu’il faut pour le dire. Protégées, ses hélices ne risquent rien et il se situe juste en dessous de la limite fatidique des 250 g. Drôle d’idée, tout de même, que ce drone.