Le 115e Congrès des Etats-Unis, élu en novembre 2016 en même temps que Donald Trump, est entré en fonction mardi 3 janvier. Les républicains disposent d’une forte majorité à la Chambre des représentants. Leur majorité est plus courte au Sénat, où les démocrates pourraient ralentir le processus législatif grâce au « filibuster », l’obstruction qu’avaient pratiquée avec constance les républicains jusqu’à ce qu’ils reprennent le contrôle de la chambre haute en 2015. Quoi qu’il en soit, le nouveau président américain disposera donc, après son investiture, le 20 janvier, d’une marge de manœuvre relativement importante.

Les républicains largement majoritaires à la Chambre des représentants
Le 115e Congrès siègera du 3 janvier 2016 au 3 janvier 2019.
Le Sénat américain dominé par les républicains
Les prochaines élections sénatoriales se tiendront le 6 novembre 2018.

Quels sont les dirigeants de ce nouveau Congrès ?

  • Paul Ryan, président réélu de la Chambre des représentants

Le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, le 5 janvier à Washington. | MARK WILSON / AFP

Dès l’entrée en fonction du nouveau Congrès, le républicain Paul Ryan a été réélu largement à son poste de président de la Chambre des représentants des Etats-Unis. Il confirme ainsi sa position d’homme fort du Congrès et d’interlocuteur privilégié de Donald Trump.

Cet ultralibéral de 46 ans, qui a fait le plus gros de sa carrière au Congrès, était devenu « speaker » en octobre 2015 à la faveur d’une révolte de l’aile ultraconservatrice du groupe majoritaire. Il aura pour mission d’appliquer le programme législatif des conservateurs, qui se heurtaient jusqu’à présent au président démocrate Barack Obama.

Alors que le « speaker » républicain avait fait part de ses divergences avec M. Trump lors de la campagne présidentielle, les deux hommes semblent avoir passé l’éponge sur leurs différends et ont promis de collaborer pour mettre en place une baisse des impôts et abroger la réforme de l’assurance-maladie d’Obama.

  • Mitch McConnell, chef des républicains au Sénat

Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, à Washington, le 6 décembre. | Sait Serkan Gurbuz / ASSOCIATED PRESS

Si la présidence du Sénat est a priori assumée par le vice-président des Etats-Unis, il n’a, selon la Constitution, le droit de vote que pour départager en cas d’égalité. Le rôle d’homme fort du Sénat est plutôt assumé par le chef de la majorité à la chambre haute. C’est Mitch McConnell qui continuera à assumer ce poste.

A 74 ans, celui-ci est considéré comme un spécialiste des négociations politiques propres au Congrès : il est sénateur du Kentucky depuis trente-deux ans et chef des républicains au Sénat depuis 2006.

Il s’est attiré les foudres des démocrates en 2016 en refusant d’étudier au Sénat la nomination du juge Merrick Garland à la Cour suprême à la suite de la mort d’Antonin Scalia en février. Une décision qui devrait porter ses fruits puisque M. Trump aura toute latitude pour nommer un juge proche des idées républicaines à la plus haute instance judiciaire du pays.

  • Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat

Le chef de la minorité démocrate Chuck Schumer présente son plan pour protéger l’Obamacare lors d’une conférence de presse à Washington, le 4 janvier. | ZACH GIBSON / AFP

Le premier combat de Chuck Schumer, 67 ans, en tant que nouveau chef de la minorité démocrate au Sénat sera d’éviter la suppression de la réforme de la santé lancée par M. Obama. Le sénateur de l’Etat de New York décidera de la stratégie de son parti pour s’opposer à l’agenda républicain. Son prédécesseur, le sénateur Harry Reid, avait fait le choix de contester chaque proposition républicaine devant la chambre haute, rappelle le New York Times.

Avec son slogan « Make America sick again » (rendre encore malade l’Amérique), directement détourné du « Make America great again » (rendre sa grandeur à l’Amérique) de M. Trump, il a déjà lancé la bataille d’opinion dans laquelle les démocrates tenteront de dénoncer la suppression de la réforme de santé.

Les premiers dossiers à venir

  • Valider les nominations de l’administration Trump

Première tâche pour les sénateurs américains : confirmer à leurs postes la vingtaine de personnes nommées par Donald Trump dans son équipe gouvernementale (mais aussi les conseillers des ministres, leur cabinet ainsi que les chefs des agences fédérales, soit un peu moins de 700 postes comme le rappelle le Washington Post).

Les auditions ont déjà commencé selon le Wall Street Journal et certaines personnalités devraient être accueillies avec bienveillance, comme le général James Mattis, désigné chef du Pentagone.

Si les démocrates, minoritaires, n’ont pas le nombre de voix nécessaires pour bloquer les nominations, ils ont promis de mettre des bâtons dans les roues d’au moins huit candidats, dont Rex Tillerson, PDG du géant pétrolier ExxonMobil nommé à la tête de la diplomatie, et Jeff Sessions, sénateur ultraconservateur nommé à la justice.

  • Abrogation de l’Obamacare

Venu rencontrer, jeudi 5 janvier, les parlementaires républicains, le vice-président élu, Mike Pence, a lancé un message clair :

« L’abrogation d’Obamacare est la première chose à l’ordre du jour. »

Bête noire des républicains, l’« Affordable Care Act » (2010) lancée sous l’impulsion de M. Obama vise à réduire le nombre d’Américains dépourvus de couverture santé notamment en instituant un système de polices d’assurance subventionnées par l’Etat.

Pour le Grand Old Party, la loi est une véritable usine à gaz réglementaire, premier pas vers une socialisation de la médecine à l’européenne. Donald Trump a lui-même souligné sur Twitter les hausses de prix des assurances-maladie observées cette année.

Les démocrates craignent particulièrement que le Parlement à majorité républicaine abroge l’Obamacare sans avoir de solution de remplacement. S’ils ont une marge de manœuvre très limitée pour défendre cette loi, ils s’accrochent au fait que la suppression du texte pourrait susciter une vague de mécontentement à travers le pays et que leurs adversaires n’ont de véritable projet clé en main pour le remplacer. Pour tenter de sauver cette réforme, Barack Obama s’est rendu mercredi au Congrès pour battre le rappel des démocrates.