Christian Troadec, en 2015. | THOMAS BREGARDIS / AFP

« C’est un paradoxe, je viens à Paris alors que je suis un régionaliste. » Christian Troadec, candidat déclaré à la présidentielle depuis le 8 avril, l’admet lui-même, la capitale est un passage obligé pour briguer la fonction suprême. Figure emblématique du mouvement breton des « bonnets rouges » qui avait fait reculer le gouvernement sur l’écotaxe à l’automne 2013, le maire (divers gauche) de Carhaix (Finistère) a choisi la rue de Rennes dans le 6e arrondissement de la capitale, lundi, pour dévoiler les propositions phares de son programme. « Nous avons déjà fait un tour de France, mais il fallait venir ici pour percer le mur médiatique », justifie celui qui est aussi conseiller départemental du Finistère.

Christian Troadec, qui annonce avoir déjà obtenu 224 promesses de parrainage, a décidé d’enclencher la deuxième étape de sa campagne pour se rapprocher des 500 signatures nécessaires à une candidature. « Au départ nous nous sommes concentrés sur des élus directement sensibles à notre projet, en Bretagne bien sûr, mais aussi en Corse, en Alsace ou au Pays Basque. Maintenant, nous essayons de voir plus large, d’autant que les conditions pour obtenir les parrainages ont été durcies. » Une loi de 2016 impose aux élus souhaitant parrainer un candidat de le faire de manière publique. « Certains de ceux qui donnaient assez facilement leur signature, le font maintenant avec plus de prudence », regrette le maire de Carhaix.

Abroger la réforme des régions

Encore loin du compte, celui qui avait soutenu François Hollande à la présidentielle de 2012, espère cette fois pouvoir défendre son propre projet devant les Français. « L’idée régionaliste que je prône a disparu du programme de toutes les autres formations politiques. » Déçu que le Parti socialiste n’ait pas fait ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires alors qu’elle faisait partie des promesses de François Hollande, Christian Troadec souhaite également abroger la réforme des régions - « un charcutage qui nie cultures et histoires » - et décentraliser les pouvoirs de l’Etat. « Comparées à d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Espagne, nos régions sont des nains politiques et financiers. »

Avec le soutien de « Régions et peuples solidaires », fédération de partis régionalistes, le maire de Carhaix ambitionne de rassembler au-delà de son Finistère natal. Connu pour avoir cofondé, en 1992, les Vieilles Charrues, festival français de musique le plus fréquenté, dans sa ville d’à peine 8 000 habitants, mais aussi pour son rôle leader dans le mouvement des « bonnets rouges », Christian Troadec se dit confiant pour relever ce nouveau défi.

Pourtant, en 2015, alors qu’il espérait atteindre la barre des 10 % aux élections régionales en Bretagne, Christian Troadec n’avait obtenu que 6,71 % des suffrages dans un contexte post-attentat et face à Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense. « Je ne refuse jamais l’obstacle. Le parcours est semé d’embûches mais par le travail et la constance, on y arrive. » Quitte à mettre le pied à Paris.