Pendant le rassemblement organisé devant la mairie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), en soutien aux élèves du lycée Auguste Blanqui qui sont sans domicile, le 12 janvier. | BENOIT COLLET

« Pas d’école sans toit. » Voila ce qu’a écrit sur une banderole, en lettres capitales, l’équipe pédagogique du lycée Auguste-Blanqui. Jeudi soir, sous une pluie fine mais glaçante, une centaine de personnes s’est réunie devant la mairie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), en soutien de sept adolescents, élèves au lycée mais à la rue depuis des semaines. Alors que l’équipe du lycée se mobilise depuis la rentrée pour venir en aide à ces lycéens, enseignants, élèves, parents et habitants ont bravé la nuit hivernale pour appeler les pouvoirs publics à trouver une solution d’hébergement dans les plus brefs délais.

L’élan de solidarité dépasse l’entourage direct du lycée. Après la publication d’un article dans Le Monde, le 16 décembre, des enseignants et des retraités de l’éducation nationale ont envoyé des chèques pour participer à la prise en charge de ces adolescents sans domicile.

Mais entre-temps, une nouvelle jeune en détresse est venue s’ajouter aux six premiers élèves. Il s’agit de la sœur d’une de ces six élèves, arrivée au lycée depuis peu. Cette famille malienne a parfois dû dormir plus d’une semaine consécutive dans la rue, sous des abribus ou dans des parkings. « On ne dirait pas qu’elles sont à la rue », s’exclame un groupe de copains de classe, venu les soutenir et impressionné par leur courage.

« Vagues promesses de la préfecture »

Une famille est logée temporairement dans un appartement prêté. Les autres doivent appeler le 115 tous les jours pour espérer obtenir une place d’hôtel. Depuis la rentrée scolaire, les professeurs s’organisent pour leur apporter une aide financière, pour payer des nuits d’hôtel aux lycéens et à leurs parents, acheter de la nourriture. « On continuera la cagnotte s’il le faut », explique Sophie Mazet, professeure d’anglais à Auguste Blanqui, tout en déplorant que la situation n’ait toujours pas évolué malgré « de vagues promesses de la préfecture avant les vacances de Noël ».

Le manque de réactions politiques, les citoyens réunis jeudi soir s’en désolent, devant les portes closes de l’Hôtel de Ville. Ni William Delannoy, le maire (UDI) de Saint-Ouen, ni aucun de ses adjoints n’est passé dire un mot. « Du côté du département c’est le même silence radio », se désole Sophie Mazet. Pour réveiller les responsables politiques, une professeure d’italien fait tourner une pétition, cigarette roulée à la bouche. Un début de solution pourrait peut-être venir de plus haut. « On est en contact avec le ministère du logement depuis deux jours », annonce Alice Mauricette, professeure d’espagnol, à la petite foule rassemblée, qui l’applaudit.

Jacqueline Rouillon, l’ancienne maire (Front de gauche) de Saint-Ouen, venue se mêler au rassemblement, se félicite d’avoir « alerté le cabinet du ministre ». Tout en déplorant elle aussi le silence de William Delannoy, elle pointe surtout du doigt le « drame » d’un Samu social débordé, qui n’arrive plus à aider tout le monde. D’autant que le système d’hébergement est davantage pensé pour héberger des hommes seuls isolés que des familles.