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Le bitcoin, monnaie virtuelle, internationale et, par définition, non régulée, semble de plus en plus dépendre des décisions des autorités communistes de Chine. Quand la banque centrale chinoise (Banque du peuple de Chine, BPC) a annoncé des enquêtes chez les plus grandes plates-formes d’échange de bitcoins du pays, mercredi 11 janvier au soir, les cours de la devise virtuelle ont chuté de 17 %. C’était sa deuxième dégringolade en une semaine. Pensez que le 4 janvier, le bitcoin avait atteint 1 162 dollars (1 093 euros), à un cheveu de son record historique, et ne cotait plus que 778 dollars le 13 janvier au matin.

Alors que le yuan est sur la pente descendante depuis bientôt deux ans, la Banque du peuple tente de freiner la sortie des capitaux. En 2016, la monnaie chinoise a perdu 6,5 % par rapport au dollar américain. Pendant ce temps, le bitcoin gagnait… 145 %. De quoi y voir une corrélation ?

Une forte influence chinoise

Ces six derniers mois, 98 % du volume des échanges en bitcoins a eu lieu en renminbis (autre nom de la monnaie chinoise), d’après le site Data.bitcoinity.org. Les experts du secteur sont pourtant sceptiques sur l’utilisation des bitcoins comme outil massif de sortie des capitaux, les utilisateurs chinois étant obligés de s’inscrire sur les plates-formes d’échange de bitcoins avec leur véritable identité.

La BPC indiquait mercredi avoir « envoyé des équipes d’inspection dans les plates-formes de bitcoins, dont Huobi et OKCoin, pour vérifier qu’ils opèrent en accord avec les règles du marché des changes, concernant le blanchiment d’argent et les risques financiers ». La veille, le China Securities Journal, un média d’Etat spécialisé, rapportait que les autorités financières chinoises envisageaient d’introduire une tierce partie de contrôle au-dessus des plates-formes chinoises pour protéger les investisseurs.

Quelles que soient les intentions du régulateur chinois, il prouve son influence sur cette monnaie qui dépend de plus en plus du pays. C’est aussi en Chine que sont « minés », c’est-à-dire produits par la technologie du « blockchain » (un type de grand livre de comptes dématérialisé), les deux tiers des bitcoins. En 2013, quand la monnaie virtuelle a connu son précédent pic, c’est déjà la Chine qui avait fait redescendre la fièvre en annonçant que le bitcoin serait désormais considéré comme une matière première virtuelle, et non comme une monnaie, excluant ainsi les banques traditionnelles du jeu.