Marseille place l’ouverture de son « année capitale du sport » sous haute surveillance
Marseille place l’ouverture de son « année capitale du sport » sous haute surveillance
Par Gilles Rof
Cent cinquante mille personnes sont attendues sur le Vieux-Port samedi, encadrées par un millier de personnels de sécurité.
Même si le public attendu pour l’inauguration de la Capitale européenne du sport n’a pas grand-chose à voir avec celui des rencontres à risque de l’Euro 2016, certains arrêtés préfectoraux pris à la suite des incidents du match Angleterre-Russie ont également été reconduits. | BORIS HORVAT / AFP
D’imposantes barrières de béton sont apparues depuis quelques jours dans le Vieux-Port de Marseille, bouchant les accès de l’esplanade piétonne qui borde le plan d’eau. Le premier signe visible du très important dispositif de sécurité qui a été élaboré par les autorités pour « sanctuariser » les rues et les espaces publics de l’hypercentre ville de Marseille, en vue de la soirée d’inauguration de l’année « Capitale européenne du sport 2017 ».
Samedi 14 janvier, à partir de 16 h 30, près de 150 000 personnes sont attendues pour fêter le coup d’envoi de cet événement, en assistant à une série d’animations, dont une spectaculaire compétition de descente en patins à glace. La soirée culminera avec le tir d’un feu d’artifice de plus de vingt minutes dans le bassin du Vieux-Port.
Pour sécuriser ce très grand rassemblement populaire, organisé alors que l’état d’urgence a été prolongé jusqu’au 15 juillet, 800 policiers nationaux et gendarmes mobiles, une centaine de policiers municipaux et près de 200 marins-pompiers seront mobilisés, ainsi que 150 agents de sécurité privés. Soit plus d’un millier d’hommes. « Nous avons pensé et réfléchi à tout ce qui était possible, a expliqué Caroline Pozmentier (Les Républicains, LR), adjointe au maire chargée de la sécurité, en présentant, mardi 10 janvier, le dispositif de sécurité au côté du préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez. Et nous avons mis les moyens à hauteur de l’enjeu. »
« Points de blocage physiques »
Le Vieux-Port sera totalement interdit aux véhicules pendant la durée de la manifestation. Quarante et un points de blocage et des déviations de la circulation ont été définis et seront tenus « soit par la police nationale, soit par la police municipale », explique M. Nuñez, ce qui, argue-t-il, évite tout partage de responsabilités. « Des points de blocage physiques, insiste encore le préfet de police, constitués par des véhicules lourds, des véhicules légers ou des blocs de béton ». Le plan d’eau sera également interdit à la circulation maritime et surveillé par les forces de l’ordre.
L’inauguration de l’année « Capitale du sport » est le premier événement de grande ampleur organisé à Marseille depuis la fin de l’Euro 2016 – qui avait marqué par les attaques des supporteurs russes contre leurs homologues anglais – et, surtout, depuis l’attentat de Nice. Le 14 juillet 2016, le traditionnel feu d’artifice de Marseille avait été reporté pour cause de vent, avant d’être définitivement annulé en hommage aux victimes de l’attaque sur la promenade des Anglais.
Même si le public attendu pour l’inauguration de la « Capitale européenne du sport » n’a pas grand-chose à voir avec celui des rencontres à risque de l’Euro 2016, certains arrêtés préfectoraux pris à la suite des incidents du match Angleterre-Russie ont également été reconduits, tels que les mesures interdisant la vente d’alcool à emporter ou la consommation d’alcool sur la voie publique dans le périmètre du Vieux-Port. « L’Etat d’urgence accroît également les pouvoirs des policiers, comme la possibilité de fouilles à vue de véhicules et de bagages » complète M. Nuñez.
« La sécurité ne va pas “bouffer” la fête »
Placée sous le signe d’un dispositif de sécurité renforcé, la soirée du 14 janvier se veut aussi l’inauguration d’une année d’événements que les élus marseillais espèrent « positive pour l’image de la ville ».
« Ce n’est pas la sécurité qui va bouffer la fête », assure ainsi Richard Miron, conseiller municipal (LR), adjoint aux Sports et grand ordonnateur de Marseille 2017. Pour le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (LR), l’année « Capitale du sport » se veut une réplique, dans un domaine très différent, de l’année « Capitale européenne de la culture » de 2013. Un label marketing visant à renforcer « l’attractivité » de la ville – maître mot des élus locaux – et « à attirer des touristes », comme le précise l’adjointe Dominique Vlasto (LR).
L’événement ne répond toutefois pas aux mêmes critères que son prédécesseur. Son label n’est pas décerné par la Commission européenne mais par une association internationale indépendante. Et son budget, 17 millions d’euros, abondé par la municipalité, les conseils régional et départemental et la métropole Aix-Marseille Provence, est près de six fois moins important que celui réuni en son temps par Marseille Provence 2013.
Evénement hybride
Le programme de « Marseille Provence 2017 », présenté mardi 10 janvier par le champion olympique de natation et adjoint municipal Frédérick Bousquet, en fait un événement hybride, réunissant des rendez-vous sportifs classiques (les demi-finales du Top 14 de rugby au Stade-Vélodrome, la course pédestre Marseille-Cassis ou la 20e étape du Tour de France 2017), et des manifestations spécialement pensées pour marquer l’année du sport dans la ville.
Ainsi, le Red Bull Crashed Ice, compétition de sport extrême organisée par la marque de boisson énergétique éponyme, et présentée comme « la finale de la coupe du monde de descente sur glace », se tient vendredi et samedi dans le Vieux-Port. Une épreuve au budget annoncé de 2 millions d’euros, qui a nécessité la construction et la mise en glace d’une piste de 340 mètres de long et 30 mètres de dénivelé, partant des hauteurs du quartier du Panier jusqu’aux rives du port. Vingt-cinq mille personnes ont déjà réservé leurs invitations pour y assister.