Pixels: l'université forme-t-elle vraiment aux métiers du numérique ?
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Le constat est cruel, venant du secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche. Thierry Mandon, invité de l’émission « Questions politiques », sur France Inter, France Info et Le Monde, « ne croit pas » que l’université française ait les moyens financiers de sa transformation numérique :

« Il y a un choc qui arrive, celui de la progression des effectifs. Si on veut absorber la hausse des effectifs et réaliser la transformation de l’université il faut mettre de l’argent. L’OCDE dit qu’un élève de l’enseignement supérieur rapporte 80 000 euros à la nation, ce n’est pas de l’argent jeté par les fenêtres, c’est investir pour le développement du pays. »

Des initiatives ont été prises, notamment en concertation avec le Conseil national du numérique, par exemple en matière de cours à distance :

« La numérisation de l’université, cela ressemble à l’université de Bretagne, où vous avez un système d’universités virtuelles, toute la Bretagne est couverte de lieux où les étudiants n’ont pas besoin de se rendre dans une université pour faire une licence. »

« Il y a un effort considérable, on a lancé tout un plan de transformation, on a identifié une dizaine d’université, sur lesquelles on est vraiment en train de changer de braquet. Mais il faut aller beaucoup plus loin, sans avoir l’illusion numérique : il ne faut pas croire qu’en formant les étudiants au numérique on va répondre au problème » a poursuivi Thierry Mandon :

« Il faut profiter du numérique pour repenser la pédagogie. Plutôt qu’apprendre en amphithéâtre où on n’entend pas le professeur, vous pouvez l’écouter chez vous et vérifier ensuite vos connaissances dans des TD. »rs

Le secrétaire d’Etat a salué les initiatives privées destinées à l’apprentissage du code. « C’est un modèle qui s’adresse à tout le monde et principalement à des non diplômés », a expliqué M. Mandon :

« L’école 42 est fantastique, il faut être lucide, ils prennent des gens qui n’ont pas de diplôme et les transforment en spécialistes, c’est extraordinaire. »

Pour lui, cela ne signifie pas que l’université française n’est pas compétitive :

« Je vois qu’aujourd’hui les plus grands de l’informatique mondiaux, Google, Facebook, Huawei vont chercher des étudiants français pour ouvrir des centres de recherche. C’est donc bien qu’il y a des compétences à l’université. »

Interrogé sur le manque de femmes dans les formations aux métiers du numérique et, symétriquement, dans les entreprises et les start-up du secteur, le secrétaire d’Etat a avoué ne pas savoir comment rétablir l’équilibre :

« L’univers du numérique est un univers, et ça se voit, de mecs. Je ne sais pas quoi faire pour changer ça, même si c’est indispensable. Il faut faire travailler des chercheurs en sciences humaines pour qu’ils nous indiquent les leviers sur lesquels agir. »