Plusieurs organisations ont appelé, ces dernières semaines, Barack Obama à la clémence envers Edward Snowden. | BOBBY YIP / REUTERS

En commuant mardi 17 janvier la peine de la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, Barack Obama a répondu au vœu de nombreux défenseurs des libertés publiques, qui l’appelaient à faire un geste avant la fin de son mandat. Les mêmes lui ont aussi demandé ces dernières semaines de pardonner à Edward Snowden, autre lanceur d’alerte emblématique. Visé par un mandat d’arrêt aux Etats-Unis, il réside depuis 2013 en Russie après avoir révélé l’ampleur du programme de surveillance de la NSA (National Security Agency) américaine.

Mais il y a peu de chances que les espoirs de ses soutiens se concrétisent, à deux jours de la fin du mandat de Barack Obama : la Maison Blanche a déjà fait savoir que pour elle les deux situations étaient radicalement différentes. Vendredi, le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, cité par le New York Times, a développé ses arguments :

« Chelsea Manning est une personne qui a été confrontée à tout le processus de justice militaire, qui a subi un procès, qui a été jugée coupable et a été condamnée pour ses crimes, et elle a reconnu avoir mal agi. (…) M. Snowden s’est réfugié dans les bras d’un adversaire, un pays [la Russie] qui a récemment tenté de briser la confiance en notre démocratie. »

Josh Earnest fait ainsi référence au piratage du Parti démocrate pendant la campagne présidentielle, attribué par les Américains à la Russie. M. Earnest a également souligné que si les documents fournis par Chelsea Manning à WikiLeaks étaient « préjudiciables à la sécurité nationale », ceux d’Edward Snowden étaient « bien plus sérieux et bien plus dangereux ». Les documents révélés par Chelsea Manning étaient en fait classés secrets, tandis que ceux dévoilés par Edward Snowden étaient top secret.

Permis de séjour prolongé en Russie

Une autre différence réside dans le fait que les documents de Chelsea Manning donnaient des informations sur des faits passés, pendant la guerre en Afghanistan et en Irak, alors que ceux d’Edward Snowden détaillaient un système de surveillance toujours actif.

Contrairement à Chelsea Manning, Edward Snowden n’a jamais appelé Barack Obama à la clémence. Il a depuis le départ assuré qu’il ne refuserait pas d’être jugé. Mais à une condition : ne pas l’être en vertu de l’Espionage Act, une loi très dure qui, selon lui, « empêche la tenue d’un procès équitable » – et qui avait conduit à l’emprisonnement de Chelsea Manning.

Quelques heures seulement après l’annonce de Barack Obama, la Russie a prolongé de deux ans le permis de séjour d’Edward Snowden, qui était sur le point de se terminer à la fin de l’année ; ce qui inquiétait ses soutiens. Mais cela ne suffira pas à les apaiser : Edward Snowden représente toujours une carte à jouer précieuse pour le Kremlin. Et maintenant que Donald Trump, dont les liens avec Moscou sont plus chaleureux que ceux qu’entretenaient l’administration sortante, accède à la Maison Blanche, quel sort Moscou va-t-il lui réserver ?

Sur Twitter, Edward Snowden n’a pas évoqué sa propre situation après l’annonce de Barack Obama, mais a publié plusieurs messages de joie et de reconnaissance. « Disons-le ici en toute sincérité, et de bon cœur : Merci, Obama. »