Trois choses à savoir sur l’orientation des lycéens dans le supérieur
Trois choses à savoir sur l’orientation des lycéens dans le supérieur
Par Séverin Graveleau, Claire Ané
APB : que ces trois lettres ne vous évoquent pas grand-chose ou qu’elles vous angoissent, « Le Monde Campus » vous résume l’essentiel à connaître sur cette procédure incontournable de l’année du bac.
En terminale, les lycéens doivent tout à la fois préparer leur baccalauréat et la suite, sur Admission post-bac. | DOMINIQUE FAGET / AFP
La procédure Admission post-bac 2017 a débuté, vendredi 20 janvier, pour quelque 800 000 élèves de terminale et étudiants en réorientation. Elle va durer plusieurs mois, avec pour objectif que chacun d’eux puisse obtenir une place en 1e année d’études supérieures à la rentrée de septembre. Que vous soyez d’ores et déjà directement concerné ou juste fatigué d’entendre parler d’APB sans vraiment savoir de quoi il s’agit, voici l’essentiel à savoir sur cet outil incontournable de l’orientation des lycéens, sur les critiques qu’il a suscité ces dernières années et sur la meilleure façon de s’en servir.
- A quoi sert APB ?
Généralisée en 2008, cette plate-forme accessible sur Internet « vise à simplifier les démarches de pré-inscription dans l’enseignement supérieur, en regroupant sur un seul site l’ensemble des formations post-baccalauréat » – à l’exception de quelques établissements (Sciences Po, Paris Dauphine…). APB permet ainsi aux lycéens de se renseigner sur 12 000 cursus dans la France entière, et d’en sélectionner un maximum de 24, d’ici au 20 mars. Les candidats ont ensuite jusqu’à fin mai pour classer leurs vœux par ordre de préférence. Avec l’objectif de satisfaire un maximum de premiers vœux, l’algorithme d’APB effectuera, le 8 juin, une première proposition d’admission aux candidats. S’ils la refusent ou émettent une réserve, les phases suivantes leur permettront de recevoir d’autres propositions, voire de faire de nouvelles demandes dans le cadre de la procédure complémentaire.
- Pourquoi APB est-il contesté ?
Depuis quelques années, on reproche à APB de manquer de clarté sur les critères permettant de départager les candidats. Certains disent que « c’est la machine qui décide ». En réalité, c’est avant tout la diversité des filières accessibles depuis la plateforme qui rend difficile sa compréhension. Il faut distinguer d’un côté les filières sélectives (prépas, IUT, BTS, écoles d’ingénieurs et de commerce…), qui choisissent elles-mêmes leurs élèves parmi ceux qui ont postulé sur APB, en fonction de leur dossier ou sur concours. De l’autre côté, la plupart des licences à l’université sont « libres » : il suffit d’obtenir son bac pour y obtenir une place via APB. Les lycéens ont d’ailleurs désormais l’obligation de formuler au moins un vœu d’orientation dans une telle licence.
Le problème se concentre sur quatre filières de la faculté dites en « tension » (les Staps ou « fac de sport », la psychologie, le droit et enfin la Paces, ou 1e année de médecine), qui sont en théorie ouvertes à tous mais qui refusent des demandes, faute de places. L’association Droit des lycéens a obtenu du ministère que soit publié, en 2016, l’algorithme qui « trie » les candidats : comme le précisait un document non officiel, les élèves de l’académie ayant placé cette filière en 1er vœu sont prioritaires. S’ils sont trop nombreux, ils peuvent en dernier recours être départagés par tirage au sort.
Les cas où « la machine décide » ont été moins nombreux en 2016, mais ont tout de même concerné 75 licences de Staps et une licence de psychologie : 3 500 jeunes se sont ainsi vu refuser, par le simple effet du hasard, l’entrée dans la filière qu’ils avaient placée en tête de leurs vœux. Des candidats déçus ont saisi avec succès des tribunaux administratifs : jugeant le tirage au sort illégal, ceux-ci ont exigé que ces jeunes intègrent la filière demandée. Pour éviter de nouveau recours cette année, le ministère de l’éducation nationale a rédigé un arrêté officialisant le tirage au sort. Mais il a finalement renoncé, cette semaine, préférant engager des discussions sur cette pratique que lui-même juge insatisfaisante.
- Quels conseils pour les lycéens et étudiants qui s’apprêtent à faire leurs demandes d’orientation sur APB ?
APB n’est qu’un outil, finalement assez simple à utiliser, à condition de respecter les dates limites pour chaque étape. Le plus dur est de savoir ce que l’on veut faire et, si l’on vise une filière sélective, si on a le niveau requis. Il faut donc se renseigner sans tarder sur les différentes formations : dans un CIO, au CIDJ ou auprès du conseiller d’orientation de son lycée, mais aussi lors des salons étudiants et des journées portes ouvertes, sur Internet (notamment sur lemonde.fr/campus) et en appelant l’établissement visé, si besoin. Il est aussi très utile de discuter avec des professionnels et étudiants dans les domaines qui vous tentent, en prenant contact via des connaissances ou sur les réseaux sociaux.
Au moment de classer vos vœux, mettez en tête ceux qui vous intéressent vraiment et, s’il s’agit d’une filière sélective, pour laquelle vous pensez avoir vos chances. Et gardez à l’esprit que les licences en tension (identifées par une pastille orange) donnent la priorité aux candidats qui en ont fait leur premier vœu.
Pour ceux qui sont très angoissés, voici quelques rappels utiles : l’an dernier, 56 % des candidats ont obtenu leur 1er vœu d’orientation. Une vaste étude vient de montrer qu’un an après l’obtention de leur bac, 86 % des étudiants sont satisfaits de leurs études supérieures. Enfin, bonne nouvelle pour ceux qui préfèrent se donner une année de réflexion et travailler ou partir à l’étranger avant de choisir leurs études, ou qui, s’étant trompés de voie, demandent ou demanderont une réorientation : contrairement à ce qui se passait jusqu’à récemment, ils ont désormais autant de chances d’obtenir la formation qu’ils souhaitent sur APB que les bacheliers de l’année.