Primaire à gauche : cafouillage autour des chiffres de participation
Primaire à gauche : cafouillage autour des chiffres de participation
Par Patrick Roger
Lundi matin, la Haute Autorité des primaires citoyennes restait dans l’incapacité de donner le nombre précis de votants. Un doute subsiste sur le nombre de bureaux ouverts.
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, à l’annonce des résultats du premier tour de la primaire à gauche, le 22 janvier. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Une inconnue pèse sur le premier tour de la primaire à gauche : celle de la participation. Dès 20 heures, dimanche 22 janvier, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, puis le président de la Haute Autorité chargée d’en superviser le déroulement, Thomas Clay, se succédaient pour annoncer un nombre de votants « dans l’épure de ce que nous avions fixé » pour le premier, « entre 1,5 et 2 millions, sans doute plus proche des 2 millions » pour le second.
Difficile d’avoir une idée précise de la participation, d’autant que les premiers résultats nationaux communiqués faisaient mention du nombre de bureaux de vote dépouillés, une précision qui a disparu par la suite. Ainsi, à 23 heures, la Haute Autorité des primaires citoyennes annonçait 1 337 820 votants sur 5 672 bureaux de vote, soit 79,54 % de l’ensemble des bureaux de vote de la primaire. Bizarrement, depuis 0 h 45, le site de la primaire reste bloqué à 1 249 126 votants. Le nombre de bureaux de vote, quant à lui, a disparu de la page d’accueil.
Lundi à 10 heures, la Haute Autorité recensait 1 562 584 votants sur 6 659 bureaux de vote, précisant que 477 bureaux de vote restaient manquants. Un peu plus tôt dans la matinée, Christophe Borgel, président du comité d’organisation de la primaire à gauche, prévoyait « entre 1,6 et 1,7 million » de votants à la fin du décompte.
Pas de contestation sur l’ordre d’arrivée
Même sur le nombre de bureaux de vote réellement ouverts, une incertitude demeure, en l’absence de transmission des données intégrales du premier tour. Depuis le 9 janvier, les responsables de l’organisation de la primaire ont annoncé la mise en place de 7 530 bureaux de vote. Or, si l’on reprend les chiffres communiqués à 10 heures, il n’y en aura eu finalement que 7 136, près de 400 de moins qu’annoncé.
Quels que soient les chiffres de participation finalement annoncés, ils seront bien inférieurs aux 2,7 millions de votants de la primaire de 2011 (pour 9 502 bureaux de vote) et loin, très loin des 4,3 millions d’électeurs du premier tour de la primaire de la droite (sur 10 229 bureaux). Pas sûr que les résultats soient à la hauteur de la « réussite » tôt vantée par M. Cambadélis.
Si l’ordre d’arrivée de ce premier tour ne semble pas prêter à contestation, l’absence de données sur les résultats en voix – hormis au niveau national – recueillis par chacun des candidats ne permet pas d’en faire une analyse fine. D’après les derniers éléments transmis au Monde, portant sur 85 % des bureaux de vote et 534 circonscriptions législatives (hors Corse, outre-mer et Français de l’étranger), Benoît Hamon arrive en tête dans 371 d’entre elles. Manuel Valls vire en première position dans 155 circonscriptions et Arnaud Montebourg dans 8, localisées en Saône-et-Loire, dans la Nièvre, en Côte-d’Or et dans le Jura.
Hégémonie de Hamon dans l’Ouest
M. Hamon assoit son hégémonie sur le flanc ouest de l’Hexagone et dans le grand Sud-Est. En Ile-de-France, la domination de l’ancien ministre de l’éducation est quasiment sans partage dans la petite couronne. Il n’est devancé par M. Valls que dans 8 circonscriptions, situées dans l’ouest parisien et les Hauts-de-Seine, ainsi que dans la 1re circonscription du Val-de-Marne. En revanche, l’ancien premier ministre a réussi à préserver son influence en Essonne, notamment dans la 1re circonscription, dont il est l’élu et où il obtient son meilleur score au plan national avec 54,6 % des voix.
Les zones de force de M. Valls s’étendent dans un triangle dont la base repose sur la chaîne pyrénéenne et la pointe va jusqu’à l’Indre. Il recueille également une majorité de suffrages dans un périmètre allant du Pas-de-Calais au Grand-Est, bien que M. Hamon arrive en tête dans des poches importantes recouvrant la métropole lilloise ou les bassins d’emploi lorrains.
Vincent Peillon n’a pas réussi de percée significative. Il ne parvient à franchir la barre des 20 % de suffrages que dans deux circonscriptions : la 3e de l’Aisne et la 3e de la Somme, dont il a été député entre 1997 et 2002. François de Rugy, quant à lui, atteint son meilleur score (18,19 %) dans la 1re circonscription de la Loire-Atlantique, dont il est le député. C’est la seule où il obtient un score supérieur à 10 % des voix. De même, Sylvia Pinel obtient son meilleur résultat – et le seul à plus de 10 % – dans sa 2e circonscription de Tarn-et-Garonne. Pas de miracle, en revanche, pour Jean-Luc Bennahmias, qui culmine à 2,87 % dans la 2e circonscription du Jura.