Hugo Barra au Mobile World Congress de Barcelona, le 24 février  2016. | Manu Fernandez / AP

Les temps sont difficiles pour le constructeur de smartphones Xiaomi. Hugo Barra, son vice-président chargé du développement international, a fait savoir lundi 23 janvier qu’il quitterait ses fonctions en février. Sa venue, il y a trois ans et demi, avait marqué les esprits : alors responsable du programme Android chez Google, le Brésilien de 37 ans faisait le pari de la Chine et d’une start-up à la réputation encore fragile.

« J’ai réalisé que ces dernières années passées dans cet environnement si singulier ont laissé des traces dans ma vie et commencé à affecter ma santé », explique M. Barra dans un post publié sur Facebook. Il dresse cependant un bilan positif de son action au sein de la société :

« Nous avons fait de l’Inde notre premier marché à l’international, avec 1 milliard de dollars [932 millions d’euros] de revenus annuels. Nous nous sommes développés en Indonésie, à Singapour, en Malaisie et plus récemment sur une vingtaine d’autres marchés, dont la Russie, le Mexique et la Pologne. Nous avons fait équipe avec Google pour notre lancement aux Etats-Unis et avec les trois prix que nous avons reçus au CES [le salon de l’électronique grand public de Las Vegas] en 2017, le monde voit dans Xiaomi l’un des acteurs qui pèse sur l’industrie de la tech. »

Ne plus dédaigner le commerce physique

La société se trouve pourtant dans une phase de flottement, dont a fait état le PDG de Xiaomi, Lei Jun, le 12 janvier, dans un courrier adressé à ses équipes. « Nous devons ralentir, continuer à nous consolider sur certains marchés et construire une croissance durable pour nous assurer un avenir à long terme », écrit-il.

Il a notamment pointé deux faiblesses de l’entreprise. La distribution en premier lieu : alors que la marque a basé sa stratégie sur les ventes en ligne, le constructeur chinois constate que 80 % des ventes de produits en Chine passent encore par le commerce physique. « Nous devons revoir notre modèle de distribution et devons intégrer le commerce hors-ligne dans notre nouvelle stratégie ». Autre point noir : l’approvisionnement. « On a grandi si vite que l’on s’est retrouvé à utiliser la même chaîne pour livrer 50 millions de téléphones que quand on en vendait 10 millions », expliquait Hugo Barra dans une récente interview au Hindustan Time.

Autant d’obstacles qui ont pesé sur les ventes du constructeur. Celui qui s’était hissé au sommet des ventes de téléphones en Chine en 2014 – époque à laquelle la société était valorisée à 45 milliards de dollars –, était relégué au quatrième rang selon les derniers chiffres de la société IDC publiés en octobre 2016. Au niveau mondial, Xiaomi a été éjecté du top cinq des constructeurs, dépassé par ses rivaux chinois que sont Oppo et Vivo.

Hugo Barra a d’ores et déjà annoncé qu’il allait retourner dans la Silicon Valley, où il se lancera dans « une nouvelle aventure ». Il restera cependant conseiller pour Xiaomi et sera remplacé à son poste par Xiang Wang, un autre vice-président de la marque.