Primaire à gauche : l’avenir du Parti socialiste, l’autre enjeu du scrutin de dimanche
Primaire à gauche : l’avenir du Parti socialiste, l’autre enjeu du scrutin de dimanche
Par Bastien Bonnefous
A travers le choix, entre Benoît Hamon et Manuel Valls, du candidat qui se présentera à la présidentielle en avril, ce sont bien deux lignes qui s’affrontent au sein du PS.
Le leader du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, le 22 janvier, au QG du parti, à Paris. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
« Corbynisation » à venir du Parti socialiste ? Explosion ? Délitement ? Ou poursuite de la vie comme avant ? La perspective d’une victoire possible, dimanche 29 janvier, de Benoît Hamon à la primaire à gauche agite fortement l’appareil du PS. Dès l’annonce des résultats du premier tour, dimanche 22 janvier, Manuel Valls a agité le spectre de la disparition de la gauche de gouvernement en cas de qualification de son concurrent. « Veut-on accepter l’idée d’une gauche qui s’efface pour longtemps dans l’opposition, d’une gauche spectatrice ? Ce qui est en jeu n’est pas seulement l’avenir du Parti socialiste, mais celui de la gauche fière de réformer », a menacé l’ancien premier ministre.
Pour les partisans de M. Valls, comme pour de nombreux membres de la majorité du PS attachés aux canons modérés de la social-démocratie, une victoire de M. Hamon provoquerait un virage à gauche du PS, qui le réconcilierait peut-être avec ses valeurs historiques, mais lui ferait courir le risque de terminer derrière la droite et l’extrême droite en avril prochain.
Appel d’air en faveur de Macron ?
« La gauche a mis longtemps à gagner une capacité à gouverner, il ne faudra pas qu’on perde en une primaire cette crédibilité », s’inquiète la ministre de la famille, Laurence Rossignol, soutien de M. Valls, qui estime que « le problème n’est pas Benoît en tant que tel, mais son programme ». « Hamon candidat, c’est le choix d’une “corbynisation” du PS, avec un parti qui se rassure sur ses valeurs, mais qui considère qu’il n’est plus utile de gouverner », appuie un autre soutien de l’ex-premier ministre, le député de Paris Christophe Caresche.
Du côté de Benoît Hamon, on réfute l’accusation de s’intéresser seulement à la prise du parti sans autre ambition nationale, et on ne trace pas un signe égal entre le député des Yvelines et le leader du Parti travailliste britannique réélu en septembre. « On s’est réjoui, bien sûr, de la victoire de Corbyn, mais ce n’est pas la même gauche générationnelle que celle de Hamon », explique le porte-parole du candidat, le député de la Loire Régis Juanico.
Une victoire de l’ancien ministre de l’éducation nationale créerait-elle un appel d’air en faveur d’Emmanuel Macron chez une partie des militants et des cadres du PS ? « Dans un premier temps, une poignée de socialistes, à l’aile droite du PS, pourraient être tentés par Macron. Mais cela restera restreint », tente de se rassurer la direction du parti. En revanche, le risque est plus grand, une fois l’intensité de la primaire retombée. Si, en mars, l’éventuel candidat Hamon reste loin derrière M. Macron dans les sondages, il devra affronter une nouvelle remise en cause à l’intérieur même de sa propre famille politique.