La majorité des effectifs à HEC Paris, les deux tiers dans les écoles de management de Strasbourg ou de Nancy…, les classes prépa restent la voie royale vers les masters de grandes écoles. « Les plus importantes sont les prépas S, ES et technologiques, mais un nombre significatif d’étudiants viennent de prépas littéraires. Et enfin de prépas pour bacs pros », précise Stéphan Bourcieu, directeur général de la Burgundy School of Business à Dijon (BSB).

Concrètement, pour 24 écoles de management, il faut passer par le concours de la Banque commune d’épreuves (BCE). ­Hakim Biasoni a choisi de cuber (redoubler sa seconde année) au lycée Lakanal de Sceaux, car ses résultats ne lui permettaient pas de tenter HEC. « Ensuite, à l’oral, on sent qu’ils cherchent à déconcerter, pour éviter les gens qui apprennent par cœur », prévient-il.

Pour diversifier leurs troupes, les masters accueillent de plus en plus de bac + 2 ou bac + 3, via les admissions parallèles. « J’ai commencé par un BTS pour m’assurer un diplôme. Beaucoup pensent qu’il est fait pour travailler directement, mais on est nombreux à aller plus loin », assure Marine Anderson, entrée à la BSB après un bac + 2 en management des unités commerciales.

Concours « Passerelle »

Pour 13 écoles de commerce, le concours s’appelle « Passerelle 1 » (post-BTS et DUT) ou « Passerelle 2 » (après une licence ou un ­bachelor). Voie choisie par Benjamin Pons, aujourd’hui en master à l’ICN Business School : « Après le bac je n’avais pas envie du rythme d’une prépa et je voulais plus ­concret qu’une licence. Le bachelor était l’opportunité de faire plus de stages et un séjour à l’étranger. »

Pour 13 écoles d’ingénieurs, des Arts et Métiers aux Mines en passant par Polytechnique, l’admission post-licence ou M1 se fait via un concours commun. Mais les places sont rares : 138 au total en 2016.

Sciences Po Paris recrute plus, mais les étudiants étrangers et les jeunes en double diplôme ­représentent trois quarts des ­effectifs. Pour intégrer le quart restant, il faut 180 crédits ECTS, envoyer un dossier et passer un oral. « Etudiants en droit, histoire, finance, parcours d’ingénieur… la volonté de l’institution, c’est de ­diversifier les profils et de mixer les compétences », assure Cornelia Woll, directrice de la scolarité.

Portes ouvertes

Même ambition pour Babak Mehmanpazir, du programme Grande Ecole de l’EM Strasbourg : « L’école doit s’ouvrir. C’est une demande sociétale, une ­demande des entreprises. Nous avons de très bons profils en langues et littérature, ainsi que des scientifiques qui veulent faire du management. »

A noter : pour éviter l’effet d’aubaine du concours Pass-World, réservé aux bachelors de l’étranger et moins lourd que Passerelle, des écoles exigent que le candidat ait passé au moins deux ans dans l’établissement étranger.

« Le mot d’ordre, c’est d’aller chercher les meilleurs partout. Le financement ne doit pas être un frein », certifie Karine Piotraut, directrice du recrutement à l’Institut français de la mode (IFM). Résultat : 40 % des étudiants sont bénéficiaires d’une bourse, couvrant parfois jusqu’à 70 % des frais. A Sciences Po Paris, le montant est progressif et 30 % des élèves ne paient rien. Quant à HEC, par exemple, des jeunes y sont exonérés d’une partie des frais et bénéficient de prêt à taux zéro.

Pour intégrer l’école rêvée, mieux vaut s’y prendre à l’avance, afin de préparer les épreuves et façonner un parcours cohérent. Margaux Toussaint, admise à l’ICN, s’est entraînée pendant six mois au test de logique et de ­mathématiques Tage 2. Nawel Bellour, en M1 à l’IEP de Paris, s’est renseigné sur les admis dès sa première année de droit. « J’ai ­regardé sur LinkedIn, ils avaient fait des stages et du bénévolat qui faisaient sens avec le master choisi ensuite », se souvient-il.

Sans oublier les annales, les portes ouvertes, les associations d’anciens… « A l’oral, on teste les capacités du candidat face à une surcharge de travail mais aussi sa motivation : il doit connaître l’école ! », prévient Gabrielle Landrac, directrice déléguée de la formation à l’Institut Mines Télécom Atlantique.

L’oral est aussi l’occasion d’affirmer sa personnalité. Ainsi, à l’EM Strasbourg, le candidat se présente avec un objet symbolisant un centre d’intérêt. « Des majors de ma promo n’ont pas eu Sciences Po parce qu’ils avaient un profil trop lisse », explique Nawel, ancien lycéen turbulent.

MS ou MSc, pour quoi faire ?

Les titulaires d’un M1 mais surtout d’un M2 ou équivalent peuvent postuler en mastère spécialisé (MS) ou Master of Science (MSc, la version anglaise). Ils se déroulent sur un an. « Ce qui compte, c’est l’adéquation entre le parcours, le mastère souhaité et le métier visé », analyse ­Raphaël Taravella, diplômé de l’Ecole des hautes études en santé publique (Ehsep). Lui était diplômé en épidémiologie et ­ciblait le concours d’ingénieur en environnement.

A HEC Paris, Julien Manteau, directeur de la stratégie, confirme : « On a moins d’une année donc, dès le premier jour, la logique est d’accompagner vers le job de sortie. Il faut une idée claire de ce qu’on veut faire et en quoi le MS ou MSc va servir cet objectif. »

Là encore, la diversité est bienvenue. « Un étudiant exceptionnel dans un cursus peu connu aura toutes ses chances », affirme Frank Pacard, directeur de l’enseignement à Polytechnique. Critère commun à toutes ces admissions : un potentiel d’exception.

Un supplément et un salon du « Monde », pour tout savoir sur les masters, MS et MSc

Etudiants en licence ou d’ores et déjà diplômés bac + 5, retrouvez un supplément de 16 pages sur les masters de l’université, ainsi que sur les mastères spécialisés et masters of science proposés par les grandes écoles, dans Le Monde daté du 26 janvier, puis sur Le Monde.fr.

Suivra, samedi 28 janvier, le 13Salon des masters et mastères spécialisés (SAMS) organisé par Le Monde, à la Cité de la mode et du design à Paris, permettant de découvrir plus de 4 000 programmes bac + 5 et de participer à des conférences organisées par nos journalistes (entrée libre, préinscription recommandée).