Stéphane Treppoz : « La nostalgie ne m’intéresse pas »
Stéphane Treppoz : « La nostalgie ne m’intéresse pas »
Propos recueillis par Cécile Prudhomme
Portrait chinois du PDG de Sarenza, site français de vente en ligne de chaussures.
Avec son air décontracté et sa simplicité, Stéphane Treppoz fait partie des jeunes chefs d’entreprise du Web, qui, en un peu moins de dix ans, a hissé le site de vente en ligne de chaussures Sarenza, au rang des géants de l’Internet en France : présent dans 26 pays, plus de 6 millions de clients en Europe… Si son entreprise réussit, ce PDG reste convaincu que l’économie française peut, elle aussi, se placer parmi les meilleures. Il a remis début 2016 un rapport au ministre de l’économie de l’époque, Emmanuel Macron. Businessman hyperactif et père de quatre enfants, Stéphane Treppoz (50 ans) est aussi passionné de ballon rond – il a participé au Dany Football Club, sur Europe 1, lors de la dernière Coupe du monde.
Quelle époque auriez-vous aimé connaître ?
Le siècle des Lumières pour la sortie de l’obscurantisme, le bouillonnement intellectuel, la diffusion des idées et du savoir dans la société. Mais aussi l’après-guerre, car les marges de manœuvre économique permettaient de réinventer la société. Et parce qu’il y avait un projet européen qui fédérait les peuples. Ou encore la prochaine, car elle reste à inventer.
Une image de notre époque ?
Plusieurs images se superposent. Le Brexit, symbole de l’échec de notre projet européen. Et le regard perdu et épuisé des migrants que j’ai pu observer dans la « jungle » de Calais.
Un son ?
Cécilia Bartoli dans Norma ou Olga Peretyatko dans Rigoletto. Maria Callas me bouleverse, en particulier son interprétation de Casta Diva. L’opéra, c’est le seul moment suspendu dans ma vie trépidante. Quand le chef d’orchestre lève sa baguette et que les premières notes de musique s’élèvent dans la pénombre, ma course frénétique s’arrête pour laisser place à une communion totale avec les protagonistes du drame qui se joue sur scène. Ce sont des moments hors du temps.
Une expression agaçante ?
« C’était mieux avant », excuse trop facile pour ne pas se battre. La France est le plus beau pays du monde, elle mérite qu’on se batte pour la sortir de son déclin continu depuis quarante ans. Je suis un éternel optimiste, je regarde vers l’avant, la nostalgie ne m’intéresse pas.
Un personnage ?
Le pape François. Je trouve qu’il irradie la bienveillance et la simplicité qui devraient être les vertus cardinales de toute religion. Même si on est parfaitement athée, il est impossible de rester insensible à la force et à la douceur de son regard.
Un bienfait de notre époque ?
L’instantanéité et la gratuité des communications grâce à Internet. Il y a trente ans, à New York, j’étais isolé et je ne pouvais me permettre qu’un appel téléphonique par semaine le week-end à ma famille.
Le mal de l’époque ?
Que soixante-deux personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Révoltant. Mais aussi que des milliers de migrants vivent sur notre territoire parqués dans des camps dans des conditions inhumaines.
C’était mieux avant, quand…
La France connaissait croissance, plein-emploi et confiance en l’avenir. Quand l’ascenseur social fonctionnait et que les parents pouvaient espérer que leurs enfants aient une vie meilleure que la leur. Et quand Lyon enchaînait les titres en Ligue 1 !
Ce sera mieux demain, quand…
La France aura retrouvé confiance en elle et qu’on reviendra à notre idéal de Liberté, Egalité, Fraternité. La jeunesse de France ne se sentira plus obligée de s’expatrier pour trouver du travail.