« La Grande Table », un festin de culture et d’idées
« La Grande Table », un festin de culture et d’idées
Par Joël Morio
Depuis la rentrée, sur France Culture, Olivia Gesbert « cuisine » avec finesse artistes, écrivains, sociologues ou scientifiques
Olivia Gesbert en 2016 | Christophe Abramowitz / Radio France
Olivia Gesbert, c’est d’abord une voix tour à tour douce, sensuelle, claire et pétillante. Une voix qu’elle utilise comme un instrument, en suivant une partition précise. Car tout est écrit ou presque dans « La Grande Table », le magazine de la culture et des idées, qu’elle anime du lundi au vendredi de 12 heures à 13 heures sur France Culture. « J’aime bien trouver l’écriture qui donne le sentiment de parler, cela n’empêche pas de rebondir sur les propos des invités », explique cette journaliste qui a fait l’essentiel de sa carrière à Radio France après un passage à l’hebdomadaire Marianne.
Olivia Gesbert est une bosseuse. Elle arrive souvent dès 7 heures du matin et quitte la Maison de la radio parfois à 21 heures, après avoir préparé l’émission du lendemain. « Comme je veux pouvoir aborder tous les sujets que je souhaite, il est nécessaire de bien la construire », se justifie-t-elle.
La productrice, qui avait déjà animé « La Grande Table » le temps d’un été, a succédé à la rentrée à Caroline Broué. Et ce, sans pression aucune. « Ça ne change pas grand-chose, sauf que vous développez une idée dont vous n’étiez pas à la base. Je n’ai mis aucune patte particulière ; simplement chacun anime selon sa personnalité », indique-t-elle.
Moment d’information particulier
Organisée autour du grand journal de 12 h 30, toujours présenté par Antoine Mercier, « La Grande Table » est demeurée la même, ou presque. Ainsi, dans la première partie, Olivia Gesbert reçoit un artiste puis, dans la seconde, un intellectuel. Ces deux exercices, la journaliste les mène avec la même rigueur. « La première interview n’est pas plus facile, elle est plus subjective, plus personnalisée, on doit se plonger dans un univers. Dans la seconde, on explore une pensée qui a été conceptualisée par l’invité. C’est un travail de passeur, de vulgarisateur, afin d’aborder les idées essentielles d’un livre de 300, 400 ou 600 pages », explique-t-elle.
A « La Grande Table », on prend son temps pour savourer les plats que l’on sert. Le journal d’Antoine Mercier dure presque une demi-heure. Les journalistes explorent l’actualité en profondeur. Les interventions sont longues, fouillées, originales. Un moment d’information particulier, à mille lieues du rythme frénétique des journaux que l’on peut entendre ailleurs.
Audience en hausse
Ce jour-là, Jacques Gamblin n’est pas uniquement là pour faire la promotion de la pièce de théâtre dans laquelle il joue. Il parle tranquillement de sa passion pour le jazz. La conversation avec Thomas Piketty est plus vive. Il n’est pas venu présenter Aux urnes, citoyens ! (Les Liens qui libèrent, 2016), son livre de chroniques sorti quelques semaines plus tôt, mais dire ce qu’il attend du premier débat de la primaire à gauche, qui a lieu ce soir-là. « On essaie toujours d’inscrire l’invité dans des thématiques d’actualité, précise Olivia Gesbert. On a simplifié la deuxième partie, où il y avait auparavant trois intervieweurs. Avec Antoine Mercier, qui faisait “sniper”, cela pouvait donner l’impression que l’invité passait au gril des questions. »
Si les convives sont un peu moins nombreux autour des micros, l’émission est de plus en plus suivie. Les mets servis à « La Grande Table » plaisent. Pour preuve, l’émission a été écoutée par 356 000 personnes entre novembre et décembre 2016, soit une hausse de 79 000 auditeurs sur un an.
« La Grande Table », du lundi au vendredi de 12 heures à 13 h 30 sur France Culture.