L’UOIF tourne le dos aux projets du gouvernement sur l’islam
L’UOIF tourne le dos aux projets du gouvernement sur l’islam
Par Cécile Chambraud
Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France, estime que la Fondation pour l’islam de France « s’est faite sans les musulmans ».
Il ne faut pas compter sur l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, l’une des principales fédérations musulmanes, proche de la mouvance des frères musulmans) pour soutenir le nouveau dispositif institutionnel imaginé par le gouvernement pour ancrer le culte musulman dans la République. « Si nous voulons faire quelque chose qui marche, prenons le temps et ne soyons pas otages de la période électorale actuelle », a déclaré son président, Amar Lasfar, en marge d’un colloque sur la « réforme de l’islam » organisé par sa fédération, samedi 4 février, à Paris.
Depuis novembre 2016, après des années de brouilles, l’UOIF a réintégré le bureau du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui représente le culte auprès des pouvoirs publics. Mais ce qu’elle y a vu des projets en cours d’élaboration ne l’a, à l’évidence, pas convaincu. Née en décembre 2016, la Fondation pour l’islam de France, dessinée par le ministère de l’intérieur et présidée par Jean-Pierre Chevènement, « s’est faite sans les musulmans », accuse Amar Lasfar. Cette institution est destinée à financer des projets éducatifs et culturels, des diplômes universitaires sur la laïcité ouverts aux imams à la recherche en islamologie.
« Le culte s’autofinance »
L’association cultuelle en gestation, destinée quant à elle à assurer un financement plus efficace et plus transparent du culte musulman, ne plaît pas davantage au président de l’UOIF. « Il n’y a pas de problème de financement de l’islam, c’est un faux problème », assure-t-il. Selon lui, les principales mosquées sont en mesure de payer leur imam et de faire fonctionner leurs écoles. « Le culte s’autofinance », affirme-t-il.
L’UOIF se plaint avant tout d’un processus dont elle s’est sentie marginalisée. « Comment et par qui ont été faits les statuts de l’association ? Quel dosage entre les fédérations ? Pourquoi la charte de l’imam [à laquelle les imams devraient souscrire] ne s’appliquerait pas aux imams “importés” d’Algérie, du Maroc et de la Turquie ? Qui évaluera les imams ? C’est l’Etat qui a mis cette association à l’ordre du jour. C’est un dispositif fait sans l’UOIF », dénonce Amar Lasfar.