Sept chiffres sur les enfants d’immigrés en France
Sept chiffres sur les enfants d’immigrés en France
Par Anne-Aël Durand
La France compte 7,3 millions de descendants d’immigrés, selon l’Insee. Une population plus jeune et plus urbaine que la moyenne.
La France compte 7,3 millions de descendants d’immigrés, selon une étude publiée, mercredi 8 février, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui détaille les caractéristiques de cette catégorie de population. Un portrait-robot chiffré de la « deuxième génération ».
Ils représentent 11 % de la population, soit davantage que les immigrés
C’est une particularité qui avait déjà été soulignée par l’Insee en 2012 : en raison d’une immigration ancienne et familiale, la France compte davantage de descendants d’immigrés (7,3 millions de personnes, soit 11 % de la population) que d’immigrés eux-mêmes (5,9 millions, soit moins de 9 % de la population).
45 % ont des origines européennes
Les descendants d’immigrés sont issus en majorité d’une poignée de pays européens (Italie, Portugal, Espagne : 29 % du total à eux trois), ainsi que du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie : 31 %) et des anciennes colonies françaises (autres pays d’Afrique, Vietnam, Laos, Cambodge).
47 % sont âgés de moins de 25 ans
Les enfants d’immigrés sont nettement plus jeunes que la moyenne : 47 % d’entre eux ont moins de 25 ans, contre 30 % de la population française. On constate toutefois des disparités selon les nationalités d’origine, reflets des vagues successives d’immigration. Les Italiens et Espagnols sont arrivés pour la plupart avant la seconde guerre mondiale, ce qui explique que 57 % de leurs enfants ont désormais plus de 50 ans. Ce pic est moins net pour les Portugais, dont l’immigration s’est poursuivie jusque dans les années 1990. En revanche, parmi les enfants d’immigrés d’Afrique subsaharienne, huit sur dix ont moins de 25 ans.
77 % des 18-24 ans vivent encore chez leurs parents
L’étude souligne une particularité des enfants d’immigrés : plus des trois quarts habitent encore chez leurs parents entre 18 et 24 ans, et ils sont encore un sur cinq entre 25 et 34 ans. C’est nettement plus que l’ensemble de la population française.
Cette cohabitation familiale est particulièrement marquée chez les jeunes descendants d’origine africaine (85 %) ou asiatique (83 %). Une précédente étude de l’Insee montrait que les enfants d’immigrés africains étaient davantage touchés par le chômage ou la précarité de l’emploi que la moyenne, ce qui pourrait expliquer leur difficulté matérielle à quitter le foyer familial.
89 % habitent dans des villes, dont 30 % en région parisienne
Les aires urbaines, en particulier la région parisienne, attirent davantage les immigrés. Même après avoir quitté le foyer parental, leurs descendants se retrouvent globalement dans les mêmes zones, même si leur répartition est plus proche de l’ensemble de la population. Ils ne sont ainsi que 11 % d’enfants d’immigrés à déclarer vivre dans des communes rurales, contre 27 % pour le reste de la population française.
54 % sont eux-mêmes issus de couples mixtes
Etre un « descendant d’immigrés » ne signifie pas forcément avoir deux parents nés à l’étranger dans le même pays. L’Insee note au contraire un brassage important dans les origines puisque près de la moitié d’entre eux ont au moins un parent qui n’est pas lui-même issu de l’immigration, et près de 5 % ont deux parents étrangers de nationalités différentes.
67 % vivent en couple mixte
Loin du cliché de « communautarisme », on note une mixité encore accrue parmi la deuxième génération issue de l’immigration, puisqu’une petite minorité choisit de se mettre en couple avec un conjoint immigré (20 %) ou enfant d’immigré (13 %).
Ce chiffre recouvre toutefois des situations contrastées, car l’Insee précise que si 78 % des descendants d’Européens vivent en couple avec une personne de la population majoritaire, ce n’est le cas que de 46 % des descendants d’Africains.