Université de Nanterre. | Eric Nunès

C’est l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) qui est montée la première au créneau, dénonçant une « mesure d’une extrême gravité ». L’université de Nanterre a décidé de fermer certaines de ses formations (masters, licences professionnelles, DUT) aux étudiants étrangers extra-européens, qui passent par Campus France pour déposer leurs candidatures. Avant de faire marche arrière : « Compte tenu des incompréhensions qu’a suscitées notre décision, nous rouvrons l’ensemble de nos niveaux », annonce au Monde le président de l’université, Jean-François Balaudé, vendredi 10 février.

La décision initiale de la présidence, partagée devant le conseil d’administration le 30 janvier, a provoqué l’ire du syndicat étudiant de l’établissement francilien contre une mesure qui va « à rebours de la mission d’accueil et d’ouverture sur le monde des universités françaises ». Jusque-là, 350 étudiants étrangers étaient admis chaque année en master à Nanterre par cette voie d’entrée.

Les justifications de la présidence d’une telle fermeture – qui ne devait être que temporaire, pour une année – étaient d’ordre pratique : aux difficultés de passage à un nouveau logiciel de scolarité s’ajoutaient les incertitudes sur la réforme de la sélection en master, en cours de mise en œuvre. « Les étudiants étrangers arrivent en toute fin de processus et avec la sélection à l’entrée du master 1 et la mise en place de capacités d’accueil, ils risquent d’avoir très peu de chances d’obtenir une place », s’expliquait son président, qui voulait se donner un an pour remettre à plat le système.

Un signal négatif particulièrement malvenu

Mais la bronca qui s’en est suivie a eu raison d’une telle initiative. Du côté du ministère de l’éducation nationale, l’incompréhension dominait face à une telle décision, que rien ne pouvait expliquer dans la réforme de la sélection en master, pour la Rue Descartes. Ce que confirmait le fait que seule l’université de Nanterre la prenne. La Conférence des présidents d’université (CPU) a également été choquée. « On ne peut pas imaginer une seule seconde une intention malveillante de Nanterre mais l’image renvoyée est totalement délétère, confie Khaled Bouabdallah, vice-président de la CPU. S’il peut y avoir des difficultés techniques, il y a d’autres façons de les résoudre»

« C’est particulièrement malvenu, encore plus dans le contexte actuel, ajoute-t-il, en référence aux tensions aux Etats-Unis envers les étudiants et chercheurs étrangers. Nous ne cessons de nous battre pour l’ouverture et l’amélioration de l’accueil des étudiants étrangers, notamment ces dernières années en combattant fermement la circulaire Guéant. Tout signal qui peut être interprété comme négatif est condamnable»

Sans compter la question de la légalité de cette décision. Pour l’enseignant-chercheur en droit public à Nanterre, Serge Slama, « écarter les dossiers de candidature de tous ces étudiants étrangers constitue clairement une pratique discriminatoire, et donc illégale. »